California 5, camping le long de la Pacifique Highway 1
California 5, Camping le long de la Pacific Highway 1.
"...Je me suis rendu compte que ces clichés, nos enfants les regarderaient un jour avec admiration, en se figurant que leurs parents menaient des vies lisses et rangées, se levaient le matin pour arpenter fièrement les trottoirs de la vie, sans se douter du délire, de la déglingue, de la déjante des réalités de notre existence, de notre nuit, de notre enfer, cauchemar absurde de cette route-là…
La Californie de Dean, pays délirant et suant, pays d'importance capitale, c'était celui où les amants solitaires, exilés et bizarres, viennent se rassembler comme des oiseaux, le pays où tout le monde, d'une manière ou d'une autre, ressemble aux acteurs de cinéma détraqués, beaux et décadents."
Jack Kerouac, « On the road »
On la nomme PCH pour Pacifique Coast Highway, les Californiens préfèrent dire
« One 0 One » ;
En fonction de son tracé modifié on passe de la « 101 » à la « Highway 1 », mais
c’est toujours cet interminable ruban d’asphalte, reliant le Canada au Mexique,
qui épouse la côte ouest de la Californie au sud à l’Etat de Washington au nord,
en passant par l’Orégon.
Cette route mythique séduit les surfeurs, les randonneurs, les cyclistes, les bikers…
Paradis pour la moto, les Harley Davidson pétaradent en groupe.
Tel des chevaliers des temps modernes, ces nouveaux guerriers sur deux roues
(parfois trois) sillonnent pacifiquement ce Far-west qui existe encore le long de
l’océan!
Les camping-cars américains, au gabarit démesuré, traînant en remorque la
voiture (parfois un 4X4 !), trouvent leur place sur les lacets tortueux qui dominent
l’océan.
Ce n’est pas une route rapide, elle est faite pour traînasser et pour rêver…
De collines ondulantes aux hautes falaises giflées par la puissance des vagues
du Pacifique, la route dévoile au fil de son sinueux parcours des trésors oubliés,
des criques abandonnées et des plages désertes.
Lorsque le profil trop cabossé du littoral lui impose un détour, c’est au cœur
d’épaisses forêts d’eucalyptus et de séquoias géants que la « California one »
creuse son sillon.
C’est aussi une vadrouille faite pour les nostalgiques marchant sur les traces de
la « Beat generation » venue s’échouer sur la côte escarpée de Big Sur :
C’est ici qu’Henry Miller, Kerouac et autres nomades de la poésie rebelle, ont
puisé l’énergie et l’inspiration qui allaient noircir les pages de leurs romans.
Big Sur ne compte que quelques maisons de bois perdues au milieu de nulle
part…
L’âme de la bohème se perpétue sous la frondaison des séquoias géants.
Un gros chat poilu ronronne sur les coussins de la petite librairie dédiée à Henri
Miller.
Tout au long de la route fleurissent les campings, une tradition californienne.
En général les campings sont gérés par les Parcs d' État, et ce sont des rangers
portant l’uniforme qui se chargent de l’accueil.
En Californie le camping est sommaire, parfois primitif...
La Californie manque d’argent et se voit contraint de fermer certains parcs faute
de moyen : un comble pour cet État qui, s’il était indépendant, se classerait 8ème
puissance de la planète.
Les campings, souvent situés dans de prestigieux environnements, bord de mer,
forêt de séquoias, sont mal entretenus et ne disposent pas toujours de douche.
La douche chaude, quand elle existe, doit être payée en supplément : 1$ les 4
minutes…
Ici on sait économiser l’eau!
De l’inconfort de ces campings, les Californiens ne semblent guère s’en alarmer car ils arrivent sur site avec des camping-cars suréquipés.
C’est d’ailleurs parfois leur unique propriété après avoir vendu leur maison pour
décider de faire la route…
C’est un véritable état d’esprit, un retour au nomadisme moderne.
À bord de leur « RV » (Recreation Vehicule », ils vagabondent poursuivant la
course du soleil de leur immense pays!
Le camping reste aussi l’occasion de rencontrer ces sympathiques Californiens
qui perpétuent la tradition des retrouvailles en famille ou entre amis autour des
barbecues.
L’emplacement pour une tente sans aucun service excepté les toilettes est
facturé 35 $.
L’autre surprise du camping au mois de juin sur la « west coast », c’est le « June
gloom » qui peut noyer de brouillard le littoral des jours entiers.
Ça n’a pas été le cas pour nous, mais nous avons dû ressortir les polaires et les
duvets car avec le vent du Pacifique les températures en bord de côte restent
très basses. (7 à 8° le matin et 12 à 14 dans la journée!)
La bonne surprise du camping sera pour plus tard lorsque nous arriverons en
Orégon :
gestion parfaite des parcs, bon équipement et nuitée à deux fois moins onéreuse
(17$).
Au fil des kilomètres de la Highway 1, les prétextes à l’arrêt ne manquent pas :
lieux historiques comme « la Purissima » près de San Luis Obispo, une mission
Espagnole très authentique et moins clinquante que celle de Santa Barbara ;
Villages côtiers quelques fois déglingués et stations de surf « bling bling », terres
sauvages et vastes étendues, restaurants mexicains et cowboys au comptoir de
bar à vin vous font comprendre que vous êtes sur une autre planète.
La « One 0 One », une route majestueuse à découvrir cheveux au vent et
musique rock dans les oreilles…
Le top serait sans doute de conduire une décapotable des années trente!
Une Buick par exemple !
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