California 6, San Francisco, "the city by the bay"
California 6, San Francisco, "The city by the bay"
« Elle se tenait debout contre le mur de l’hôtel Tevere, tenant à la main un gobelet de plastique quand il commença à pleuvoir.
Je me dirigeai vers elle, fouillai dans ma poche à la recherche d’une pièce et la jetai dans le gobelet.
La pièce tomba au fond d’une boisson orange.
Je rougis et la regardai à travers ses yeux ravagés et sa peau et ses cheveux prématurément gris et dis que j’étais désolé, j’avais cru qu’elle faisait la manche…
« C’est ce que je fais… » Dit-elle et elle sourit :
« Mais là, j’étais juste en train de boire un petit coup. »
Et nous sommes restés là, tous les deux, à rire, en regardant les gouttes de pluie qui tombaient sur le sac orange au-dessus de l’argent noyé. »
Jack Hirschman
En 2002, selon un recensement effectué par la ville, San Francisco comptait autant de sans domiciles-fixes que New-York, alors qu’elle en a que la dixième de sa population.
Ce n’est évidemment pas cela que nous retiendrons de nos quatre jours passés dans cette ville tranquillement étonnante et connue pour son esprit frondeur.
Si les « homeless » et la misère qui les entoure font partis du paysage de la ville et de ses 43 collines, la « liberté » de ces clochards semble escorter le souffle de création, de libre expression, d’expérimentations en tout genre qui attirent à San Francisco une population éclectique et souvent excentrique.
Au cœur de la rade de San Francisco, le rocher d’Alcatraz et son ancienne prison rappellent cependant que les règles existent aussi en Californie…
Il y a peu, le conseil municipal de la ville a voté à une courte majorité l’interdiction de la nudité dans les transports, lieux public et parcs de la ville.
San Francisco se découvre à pied ou en « cable car », ces fameux tramways à traction par câble qui dévalent les pentes de Nob Hill ou Russian Hill.
Parfois le « cable car » peut caler en haut d’une bosse, alors de puissants tracteurs viennent pousser la vieille machine l’aidant à basculer de l’autre côté de la rue.
La ville a su conserver ses demeures victoriennes, les plus belles « ladies painted» s’alignant sur Alamo square, quartier qui dans les années 70 vit s’installer Janis Joplin, Jimmy Hendrix et quelques allumés de l’âge d’or de la contre-culture hippie.
San Francisco mélange les genres, brasse les races et continue de dynamiter le conformisme ;
Le quartier de Castro est réputé pour son militantisme gay et lesbien :
La bannière arc en ciel flotte au dessus d’Harvey Milk plaza en l’honneur de celui qui paya de sa vie son engagement politique pour la reconnaissance des droits civiques des homosexuels.
Du haut de la Coit Tower, l’un des symboles de la ville, le regard découvre un panorama à 360° des collines et des ponts qui enjambent le Pacifique :
Le Bay bridge qui mène au centre ville, et plus au loin, l’image sans doute la plus populaire de San Francisco, le Golden Gate qui ouvre la voie du Nord.
Dans le hall de cette tour « Art déco », des peintures murales datant de l’époque de la « dépression » glorifient la classe ouvrière du moment.
Taxées de « communistes » un temps, ces fresques sont aujourd’hui admirées et témoignent de l’aventure des pionniers de la côte Ouest.
Chinatown, le plus ancien regroupement de Chinois des États-Unis (1848) assure le dépaysement escompté ; on y mange bien, on y parle « mandarin », les rues sont joyeusement encombrées, aux vitrines pendent les canards laqués… On est en Chine!
À quelques enjambées de Chinatown, la « Grant Avenue » conduit à la City Lights Bookstore, haut lieu de la pensée contestataire de la ville.
Fondée par l’écrivain-éditeur Ferlinghetti, la librairie devint rapidement le symbole de la résistance aux années sombres du maccarthysme.
Ce sera le point d’ancrage de la « Beat Generation » ; Les Kerouac, Ginsberg, Burroughs et autres « mauvaises » graines New-Yorkaises, fascinés par la route, se rendirent à l’ouest en quête d’une contrée plus tolérante.
À deux pas de la librairie, peint sur le mur de l’allée « Jack Kerouac », un poème commémore l’auteur de « On the Road ».
Francis Ford Coppola aime se rendre dans ce quartier :
La légende voudrait que le réalisateur ait écrit le scénario du « Parrain » au café Trieste en sortant de la librairie.
Les chevaux et les cowboys ont quitté San Francisco, mais la ville de l’ouest cultive toujours les idées neuves et captive autant les aventuriers à la recherche d’un nouveau western.
Lorsque le soleil descend sur le Golden Gate et enflamme ses poutrelles d’acier, les chercheurs d’espoir rêvent d’une nouvelle ruée vers l’or.
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