Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Egypte 1, Abou Simbel, une halte "Royale"...

Egypte 1, Abou Simbel, une halte « Royale »…

 

 

 

 

« L'acte par lequel l'homme arrache quelque chose à la mort »

 

André Malraux

 

 

 

Phrase extraite du discours  de Malraux, à Paris le 8 mars 1960, en réponse à l'appel de l'Unesco  pour sauver les monuments  Nubiens de Haute-Égypte.

 

 

 

 

 

 

Le bus fait route pour Aswan, mais nous marquons l’arrêt dans le village d’Abou Simbel,  à l’extrême sud du « pays des pyramides ».

 

 

Halte « Royale », escale incontournable !

 

 

 

 

À seulement 40 kilomètres de la frontière du Soudan, ce petit bled, avantagé par le bercement des ondes du lac Nasser, est sortie de l’anonymat par la notoriété et l’éclat de ses temples qui fascinent le monde du haut de ses trois mille ans !

 

 

 

Le soleil de Nubie, paraît-il, n’aurait existé que pour ça :

 

Illuminer chaque matin les colosses des deux temples d’Abou Simbel et tirer du sommeil  ces statues ancestrales, protectrices  des palais depuis trois millénaires.

 

 

 

 

C'est le chef d’œuvre de Ramsès II, le plus mégalomane des pharaons égyptiens.

 

 

 

 

À l'intérieur des temples, les statues et les frises sont dans un état presque parfait. 

 

 

Les salles imposantes sont majestueuses.

 

Impressionnant décor théâtral pour une visite à pas lents...Déambulation silencieuse pour ne pas  contrarier les Dieux.

 

 

 

 

Pour sauver des eaux ces pièces maîtresses d’une antique civilisation « avancée », Il aura fallu la volonté des Nations du monde entier, mais aussi la détermination  de personnes géniales,  comme  Christiane Desroches Noblecourt qui  s’avéra  décisive en persuadant le Général De Gaulle  d’ouvrir grand le portefeuille de l’Etat Français !

 

 

 

 

 

L’Egypte garde une reconnaissance de la généreuse participation de la France.

 

 

 La création du grand barrage d’Aswan,  fut achevée en 1968 :

 

Première grande mission de la toute jeune UNESCO, le sauvetage des temples nubiens nécessita une mobilisation internationale hors norme.

 

 Prouesse technique, ce travail titanesque impliqua  la présence de 3000 personnes qui vécurent sur le site, isolées, à près de 300 km de toute agglomération pendant quatre ans et demi :

 

 

Pour éviter que les temples soient définitivement engloutis par ce qui allait devenir l’immense lac Nasser, Les  édifices  ont été surélevés d’environ soixante  mètres, découpage de la pierre en bloc de 15 tonnes, numérotage et réassemblage…

 

 

Travail remarquable, entreprise « pharaonique » louée dans le monde entier qui passe sous silence la disparition de près de cinquante villages nubiens à jamais noyés dans les eaux bleues du lac Nasser :

 

 

Drame humain évidemment,  soixante mille  Nubiens durent quitter leur terre, laisser dans l’abîme leur passé et leurs défunts.

 

Exode inévitable pour des hommes et des femmes dont certains ne parlaient même pas l’arabe.

 

 

Nous passerons quatre jours  au bord du lac, à proximité immédiate du Grand Temple et du temple de la Reine…

 

 

À l’aube ou tard en soirée, quand les esplanades sont vides,  nous profiterons de ces géants …

 

 

 

 

 

Lumière du matin ou soleil couchant, le spectacle  magnétique qu’offre les temples n’en finit pas de captiver !

 

 

 

 Nous aurions pu patienter jusqu’au  vingt février et profiter des conseils de Christiane Desroches Noblecourt, mais ça faisait un peu long :

 

 

« Dans le sanctuaire, devant le mur du fond du temple, quatre grandes statues taillées dans la paroi rocheuse sont assises sur une banquette commune.

 

 

 

 

Les statues sont disposées de telle manière que toutes, à l'exception de Ptah qui n'est pas un dieu solaire mais un dieu chtonien, recevaient directement la lumière du soleil sur leurs visages lors des solstices.

 

 

Chaque année, le 20 octobre, le soleil, à son lever pénétrait dans le sanctuaire et éclairait le visage de la statue d'Amon puis celui du roi.

 

Le 20 février, les premiers rayons de l'astre touchaient la statue d'Horus puis celle du roi. Cette subtilité des prêtres-orienteurs avait pour but de revivifier l'intensité des forces de chaque silhouette divine afin de revigorer la statue de Ramsès. »

 

 

 

 

Avec « Ramsès le second », nous sommes devenus potes !

 

 On ne se fatigue pas d’arpenter les salles des deux temples ;  on imagine les troupes de Napoléon débarquant devant ces monuments ensablés !

 

 

 

 

Petit faible pour le temple dédié à son épouse, la Grande Épouse Royale, Néfertari (ou Nofrétari qui signifie « la plus belle d’entre elles »).

 

 

C’est la première fois dans l’Egypte ancienne qu'un édifice religieux est consacré à une épouse de pharaon.

 

 

Analyse de Christiane Desroches Noblecourt :  

 

 

« …On remarquera particulièrement le traitement du corps de la reine, qui n'apparaît nulle part aussi marqué qu'ici :

 

elle est représentée sous un aspect svelte et élégant, séductrice, les hanches galbées, presque à l'excès. »

 

 

Abou Simbel,  isolé très au sud, l’un des plus impressionnants sites du pays, ne croule toujours pas sous l’affluence.

 

 

Chinois et Japonais semblent être  de retour, mais la plupart descendent de l’avion pour la demi-journée et retournent  à Aswan dans la foulée.

 

 

Peu d’offre hôtelière si ce n’est deux grands complexes de luxe, plein de vide quand nous sommes passés.

 

 

En bordure de lac, une petite adresse sympa, abordable, chez  le chanteur Nubien Fikry Kashif qui manie la langue de Molière avec excellence ; 

 

Maison nubienne traditionnelle, décor sobre, endroit idéal pour une halte après la traversée du Soudan…

 

 

 

 

 

Pour la restauration préférer les  petits restos du village, chez Moussa par exemple !

 

 

« …Il y avait cent bus par jour ici ! Oui, oui,…Cent bus ! C’était avant ! »

 

 

Moussa parle français, il sait faire asseoir le rare touriste à la terrasse de son restaurant bien situé en contrebas de l’office de tourisme.

 

  Moussa, c’est un grand gaillard souriant qui regrette le temps d’avant !

 

C’est un Nubien avant d’être Egyptien :

 

« …pareil que toi, nous on est les Bretons du Nil ! »

 

 

Les tables sont désespérément vides !

 

 

 

 

 

 On mange bien chez Moussa, il n’y a pas de carte, pas de prix, pas de nappe et… pas de client !

 

 

Si on ne souhaite pas savourer l’excellent poisson du Nil avec les doigts, Moussa accélère le pas pour fournir les couverts…

 

Mais c’est plus facile avec les doigts pour ôter les arêtes !

 

 

Repas complet pour 50 livres égyptienne, un peu plus de deux Euros.

 

 

 

 

 

« Ramsès le second » qui pouvait faire la pluie (rarement !) et le beau temps dans la vallée du Nil, ne peut rien pour Moussa, hélas ! 

 

 

Ça contrarie le Nubien qu’un grand roi comme Ramsès n’attire pas plus de touristes !...

 

Un jour peut être les bus s’arrêteront de nouveau devant les tables de bois de « Chez Moussa » !

 

 

Les photos ne sont pas autorisées à l’intérieur des temples. 

 

Les quelques photos qui illustrent les salles sont des clichés d’agences  en usage libre.

 

 

 

 

 

Sur France Culture, en podcast, une série de dix interviews de  Christiane Desroches Noblecourt d’une durée de 30 minutes chacune.

 

Dans le programme : «  A voix nue  »

 

« Une émission qui recueille les paroles, les réflexions de celles et ceux qui marquent notre temps. »

 

 

 

Durant notre séjour à Abou Simbel, j’ai également procédé à un sauvetage, moins grandiose que celui des temples, j’en conviens !

 

 

Des jours, des semaines, des mois et donc des années de bons et loyaux services, méritaient bien une réflexion au lieu d’une décision hâtive : Non, il n’ira pas à la poubelle…Pas  tout de suite !

 

 

C’est un  super pantalon de toile verte qui m’a accompagné un peu partout dans ma vadrouille depuis plus de  six ans…

 

 

Maintes fois réparé, ravaudé, rapiécé…

 

il n’en pouvait plus à la sortie du Soudan !

 

De nature émotive, je ne pouvais pas le laisser tomber  comme une chiffe molle !

 

 

Dans le village, un énième tailleur s’en  est emparé et nous avons ensemble porté un diagnostic acceptable ; le pantalon deviendra bermuda, raccourci il est vrai mais en vie…

 

Un peu comme le corps de  Ramsès qui a perdu  sa tête mais a toujours fière allure !

 

 

Les finitions pourront être confiées avec bonheur à François (tailleur pour hommes et dames à Saint-Brieuc) qui connait bien le sujet et le malade!

 



26/01/2018
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