lac Tanganyika
Lac Tanganyika :
Le plus long lac d’eau douce du monde s’étire de Bujumbura au Nord(Burundi) jusqu’à Mpulungu au Sud en Zambie. 677 km séparent les deux villes.
Il est bordé à l’Ouest par le Congo (RDC, ex Zaïre) et à l’Est par la Tanzanie.
2ème lac Africain en surface après le lac Victoria, le Tanganyika couvre en superficie une région équivalente à la Bretagne ou la Belgique…à lui seul, il représente 17% de la réserve d’eau douce de la planète.
Avec une profondeur maximum de 1433m, les Africains vivant sur ses rives ont coutume de prétendre qu’il s’agit aussi du lac le plus profond du monde!
Ce n’est pas tout à fait juste, par son volume et sa profondeur il se classe juste derrière le lac Baïkal en Russie.
Le lac fait actuellement l’objet de recherches importantes concernant le réchauffement très inquiétant de ses eaux de surface. Considéré comme le lac le plus poissonneux du monde, les pêcheurs n’ont guère besoin des études pour confirmer la diminution des captures depuis plusieurs années.
Les eaux de surface du Tanganyika ont atteint un niveau de température jamais égalé : 26°.
Il s’agit là d’une véritable menace sur la réserve de poissons, et par voie de conséquence, une tension accrue sur une source de nourriture de millions d’Africains. Réchauffement climatique ? Les scientifiques le diront.
Second problème de taille, l’émergence de la pollution des eaux restées très pures pendant des siècles : malgré la richesse de sa faune et de sa flore, sa position stratégique et son inestimable valeur pour les quatre pays riverains et, au-delà, pour la région, le Tanganyika doit faire face à une problématique environnementale que les décideurs ne peuvent plus ignorer.
Ci-dessous en Italiques et en gras un article récent d’ « Afriquinfos » concernant les balbutiements de la prise de conscience environnementale des pays se partageant le lac.
Dans cette région, où près de 80% des habitants survivent avec moins d’un dollar par jour, à l’évidence, la qualité des eaux du Tanganyika n’est pas leur préoccupation majeure…on les comprend!
Alors que le Burundi se prépare à commémorer la « Journée du 22 juillet » dédiée au Tanganyika, Afriquinfos a rencontré Albert Mbonerane, Représentant légal de la Fondation Roi Mwezi Gisabo, une association militant pour la protection du lac.
Que représente le Lac Tanganyika pour le Burundi ?
Beaucoup ! Par exemple, la ville de Bujumbura utilise 80% d’eau en provenance du lac. Avec une superficie de 32 900 km2, il héberge 2350 espèces de poissons, dont deux sont uniques : le mukeke et le ndagala. On y trouve des hippopotames, des crocodiles.
Beaucoup de biens que nous importons d’Afrique du Sud, de la Namibie, de la Zambie transitent par le lac via les ports de Mpulungu (Zambie, Ndr) et de Kalemie (RD Congo, Ndr). Un transport très intéressant est assuré entre Kigoma (Tanzanie, Ndr) et Bujumbura.
Au niveau de l’écotourisme, les eaux du lac sont appréciées parce que douces et limpides. C’est le deuxième réservoir d’eau douce au monde.
Le lac est menacé...
Des plantes envahissantes comme le mimosa et la jacinthe d’eau y poussent et grandissent rapidement. Elles ont deux effets nocifs.
Elles empêchent les poissons d’avoir de l’oxygène. Elles bloquent l’ensoleillement et étouffent toute vie aquatique.
A terme, ces plantes peuvent même bloquer la circulation sur le lac.
Les pesticides employés dans les rizicultures sont aussi drainés par les cours d’eau vers le lac.
Du côté des collines surplombant la ville de Bujumbura, les méthodes agricoles utilisées ne permettent pas de capter les eaux et ne favorisent pas l’infiltration.
L’érosion est très intense. Une partie de la terre rouge drainée par les rivières qui traversent la capitale se retrouve dans le lac, avec comme conséquence fâcheuse l’envasement.
Et quand ces terres arrivent dans le lac, les poissons s’échappent et éprouvent des difficultés de trouver un milieu favorable à la reproduction.
De par la situation géographique de Bujumbura par rapport au niveau du lac, tous les déchets finissent dans le Tanganyika, surtout quand il pleut. Il en va de même des eaux usées qui s’échappent des caniveaux.
Comment préserver ce patrimoine écologique ?
Un code de l’eau est déjà disponible depuis le 26 mars. Il institue une zone de protection de 150 mètres de large qui borde le lac et sur laquelle on ne peut ériger d'infrastructure.
Le même code impose aux industriels d’avoir des stations de prétraitement des eaux usées. Par ailleurs, le code de l’environnement exige que si l’on veut construire un ouvrage au bord du lac, il faut, au préalable, une étude d’impact environnemental. Les instruments légaux existent donc. Reste leur mise en application.
Quatre pays bordent le lac. Ont-ils une conscience commune de la nécessité de le préserver?
A n’en pas douter. La preuve en est la Convention sur la gestion durable du Tanganyika, signée par les quatre pays qui se partagent ses eaux, le Burundi, la Tanzanie, la Zambie et la République Démocratique du Congo (RDC).
Ce texte est centré sur la protection de la biodiversité et de la lutte contre les menaces de pollution. Par ailleurs, il existe l’Autorité du Lac Tanganyika, dont le siège est au Burundi. C’est un engagement pour les quatre pays. Chaque pays doit développer des projets qui montrent que les résultats attendus entrent dans le sens de la protection de la biodiversité du lac.
Par exemple, en RDC ou en Tanzanie, on est en train de protéger les bassins versants. Et au Burundi on a pris comme premier projet « la lutte contre la pollution ». Une étude est en cours au niveau de l’Autorité du Lac Tanganyika pour voir comment limiter la pollution du lac par les eaux usées.
Comme trop souvent dans les pays en voie de développement, ces bonnes intentions restent des vœux pieux…il n’y a qu’à faire l’expérience de la traversée du lac sur le Liemba pour constater ce qui peut passer par-dessus bord en 48h de navigation !