Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Laos 5, Le Mékong, une propriété Chinoise.

Laos 5,

 

Le Mékong, une propriété Chinoise.

 « Mais le Mékong, lui, n'est pas méprisant. Il accueille aussi bien le Laotien, que rien ne distingue de son cousin chinois le Yunnan, le Cambodgien à la peau foncée et aux lèvres charnues, le mince vietnamien au teint ambre... Il offre aux uns son delta fécond, aux autres ses eaux gorgées de poissons, aux derniers ses pentes forestières riches en fruits, en champignons, et de l'électricité sur ses barrages. Ce n'est pas de sa faute si le poids de l'Histoire est écrasant. »

 

 Le Mékong

« Du Tibet à la Mer de Chine » de Hervé Bentégeat (éditions : Belem)

 

En « slow boat » sur le Mékong :                

 

Ils sont amarrés à l’embarcadère de Houai Xai. Serrés les uns contre les autres, un léger clapot les agite.

 

Capables de tasser une centaine de clients sur des banquettes en bois ou des sièges d’autobus récupérés qui auront une seconde vie au ras de l’eau, certains touristes les jugent sévèrement.

 

On les dit inconfortables et bruyants…

Ils nous ont parus rustiques, mais commodes et bien plus agréables que les bus de Tanzanie ou du Malawi!

 

Est-ce la beauté naturelle des rives du Mékong, ou bien l’impatience de se laisser vivre deux jours au rythme du fleuve, qui ont  fait que nous avons gouté avec gourmandise, sans ennuie, parfois assoupis, la descente de la « Mère de tous les fleuves »?

 

Trop critiqués sans doute par d’exigeants voyageurs, nous les avons plutôt trouvés amusants et relaxant :

On les nomme les « bateaux lents »…

 

Ils ont su nous séduire, et c’est sans peine qu’après la nuit passée à mi parcours à Pak Ben, que nous avons à nouveau embarqué  sur le parquet flottant ouvert à la brise et aux villages de pécheurs qui bordent le  Mékong.

 

Les bateaux lents assurent le cabotage de Houai Xai au nord du Laos jusqu’à Luang Prabang. Même en période d’étiage les « slows boats » se hasardent jusqu’à  l’ancienne capitale du pays Lao ; leur faible tirant d’eau leur permet de dompter les caprices tourmentés du fleuve, d’éviter la saillie de l’écueil affleurant ou le danger du banc de sable insidieux.

 

Un profil périlleux, des débits irréguliers, une navigation difficile voire par endroit impossible, font du Mékong un fleuve  qui sépare davantage les peuples qu’il les unit.

 

Sur les pentes de l’Himalaya, à plus de cinq mille mètres d’altitude, dans la province du Quinghay, un filet d’eau clair s’enfuit des gorges du Tibet: le Mékong est né.

 

Toute son énergie ira se libérer dans le delta du Viêt-Nam après avoir parcouru plus de 4500km et traversé six Nations. Dans sa tentaculaire embouchure, les Vietnamiens  vénèrent  le « fleuve des neuf dragons ».

 

Près de cent millions de personnes dépendraient du fleuve dans leur vie quotidienne.

La générosité ancestrale du Grand Mékong irriguant les rizières se voient contester tous les jours un peu plus.

 

A qui appartiendra la source en aura la paternité…Le contrôle, la destiné et la régulation du fleuve sont donc soumis au géant Chinois et à son bon vouloir.

 

Les Chinois imposent leur choix politique au reste des populations du bassin du Grand Mékong.

En créant d’immenses barrages, la Chine domine l’exploitation du fleuve.

Les Chinois ne sont pas les seuls à amocher les eaux boueuses du Mékong ;

Thaïlande, Laos et Viet Nam nourrissent également des desseins de super barrages, l’hydroélectricité étant devenue le nouvel opium du Sud Est Asiatique.

 

Mais c’est Pékin qui « arrose » les grands projets, intrigant sans mal le destin du fleuve face à des dirigeants serviles et corrompus qui bradent leur patrimoine au détriment des populations riveraines.

En aval du fleuve, l’avenir est incertain…L’ «Empire du Milieu» détient la commande du robinet.

 

La maitrise des eaux du Mékong, les Chinois en ont fait une « priorité »… Et donc une « propriété ».

 

Etranger à ces préoccupations  inquiétantes, le touriste désinvolte se laisse bercer dans la tiédeur du fleuve.

Un pêcheur lance son filet, les buffles viennent s’abreuver, des femmes Lao lave le linge, des orpailleurs entretiennent le mythe de la pépite d’or…

 

En fin d’après midi du deuxième jour, la délicieuse Luang Prabang se dessine sur les berges du grand fleuve. De magnifiques jardins potagers poussent sur les terrasses surplombant les rives.

 

La belle provinciale est prête à charmer les touristes qui débarquent des « slow boat ».

 

On sent un passé dans cette cité…Une douce atmosphère, quelque chose de France!

 

 



27/01/2013
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