Oregon 1, destination finale des pionniers
Oregon 1, Destination finale des pionniers.
L’Oregon : un peu plus grand que le Royaume Uni, population légèrement supérieure à la Bretagne, capitale Salem, plus grande ville Portland qui abrite dans son agglomération 42% des habitants de l’état ;
État Démocrate (de justesse, les ruraux restent fortement conservateurs et votent généralement Républicains)
L’Oregon fut la destination finale des pionniers du XIX éme siècle partis des rives du Missouri à la conquête du « Far west ».
Il fallait quitter les plaines de St Louis au printemps pour pouvoir affronter la traversée des Rocheuses dans de bonnes conditions :
Herbes hautes pour faire pâturer les bêtes, pistes carrossables en bordure de rivières pour faciliter le passage des fameux chariots bâchés et ainsi aller à la rencontre des tribus Indienne coopérantes pour les échanges.
Les 3200 km de piste à parcourir pour apercevoir les eaux puissantes de la Columbia river et Portland nécessitaient cinq à six mois de voyage hasardeux.
De « l’Oregon trail » et de ses convois, débarquèrent des hommes et des femmes fatigués mais remplis d’espoir, venus s’installer comme fermiers ou chercheurs d’or !
Si les chariots ont (presque) disparu du paysage, les chercheurs d’or on en trouve encore :
Il n’a pas besoin de grand-chose pour chercher l’or; une pelle pour cabaner le sable dans sa trémie et ensuite patienter pour que l’eau de la rivière laisse éclore les fines particules étincelantes au fond de la trappe inox.
Nous l’avons rencontré au bord d’un ruisseau abondant qui a la force de charrier des troncs d’arbres morts vers la plage.
Il cherche l’or, il cherche depuis longtemps, parfois il trouve…En ce moment ce n’est pas trop mal nous dit-il, les cours de l’or sont rémunérateurs.
Il est natif de Californie et ne sait plus très bien pourquoi il est arrivé là.
Sa voiture ne passerait pas le contrôle technique en France ; à l’intérieur, pêle-mêle, un duvet, du matériel de pêche, une glacière, un petit panneau solaire, et sur la plage arrière des photos Polaroid scotchées dans un cadre.
Sur les clichés, devenus mauves par le temps qui passe, on distingue aisément trois portraits de gamins souriants fixés par le photographe…C’était le temps d’avant qu’il soit chercheur d’or !
Derrière ses lunettes, un regard bleu profond et doux semble nous dire qu’il accepte sa condition. Il sourit quand on lui dit que nous venons de France.
Le chercheur d’or vit dans sa guimbarde. Seul.
Les rivages abandonnés de l’Oregon sont dominés par de gigantesques forêts de pins :
Les menuisiers et bricoleurs les connaissent, le Red Cedar, le Douglas, le pin de l’Orégon.
Le long de la côte, les dunes de sable façonnées par les vents du Pacifique, protègent de petites marinas comme Florence. Nous y passerons la nuit dans un camping derrière les pyramides de sable blond.
Au matin le brouillard a enveloppé la côte.
Nous ferons une halte dans un marché local sur la route d’Eugène, l’occasion de savourer du saucisson pur porc vendu par un éleveur heureux et rigolard qui fait du cochon bio ;
À ses côtés, l’agréable arôme des crêpes fait main par une souriante Française d’origine « pied noir » née à Casa, et arrivée en Oregon avec sa fille après avoir vendue sa maison dans le sud de la France.
Sur ce petit marché où l’on ne tarit pas d’éloge sur les produits locaux naturels, des moines Bouddhistes, identiques à ceux que nous avons vus au Laos, traverseront la place sur fond de brume tels des ombres fantomatiques flottant dans le décor :
Vision irréelle au pays des pionniers, surréaliste!
La route qui s’enfonce vers l’Est pénètre durant d’interminables distances l’outback, de hauts plateaux désertiques qui couvrent les 2/3 de l’Oregon :
Sensation des grands espaces, immensité du ciel, ranchs au milieu de nulle part, champs éoliens sur les hauteurs des collines chauves.
Villages éteints sous le soleil de l'Oregon où d’anciens cadavres de boutiques entourent un local de l’ « US Postal » qui bouge encore .
Parfois, le profil ondulant de la route, brutalement s’effondre et plonge dans des canyons vertigineux. Ces dépressions creusées par la force des rivières annoncent la proximité de la plaine de la « Columbia river » qui naît dans l’Alberta voisin, au Canada.
La « Columbia » est une rivière large et puissante qui a dessiné une vallée spectaculaire nourrie de cascades et de sources qui déboulent en chutes libres dans un panorama splendide.
Lorsque nous avons sillonné les gorges de la « Columbia », le temps avait viré au gris sombre avant que la pluie durablement s’installe.
Ce temps maussade semblait convenir aux pêcheurs espérant la truite.
Les amateurs de la pêche à la mouche sont nombreux dans les courants des rivières de l’ « État du castor » ; des « Natives » descendants des tribus Indienne vendent au bord des routes du poisson frais et aussi de très beaux fruits : cerises, pêches et abricots…
Lorsque nous nous approcherons de l’embouchure de la « Columbia » et des faubourgs de Portland, le flot de véhicules se fera plus dense.
Aux carrefours des jonctions principales, comme des marqueurs d’une société qui ne fait pas de cadeau aux plus faibles, des « homeless » attendent un « lift » pour les mener à la ville ou la générosité de quelques dollars pour soulager leur quotidien.
La merveilleuse nature sauvage de l’Oregon, ils en sont loin.
Leurs préoccupations sont ailleurs.
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