Panama 4, Ciudad de Panama, verticalité et romantisme.
Panama 4, Ciudad de Panama, verticalité et romantisme.
En quittant Boquete, son café et ses fleurs, une longue route nous attend.
Nous rejoignons d’abord la ville de David pour prendre un bus « grande ligne » qui nous mènera directement à la capitale, Ciudad de Panama.
D’importants travaux sont en cours sur la Panaméricaine, mettant à mal la circulation sur cette route traditionnellement surchargée.
Il nous faudra neuf heures pour boucler 460km…
Le bus est confortable, on peut sommeiller.
La pénétrante qui conduit au terminal de bus Albrook rappelle le périphérique parisien aux heures de pointe.
C’est un long cordon de véhicules en souffrance; interminable file pointillée de feux « stop » traçant une guirlande rouge lumineuse dans le jour déclinant.
Le cortège de voitures progresse avec lenteur, tel un reptile sans tête.
L’agglomération est congestionnée par un insupportable trafic.
Il est 18h30 quand nous dégourdissons nos jambes.
La nuit a enveloppé la cité mais les lumières de la ville annoncent qu’ici tout continue, sous haute tension de jour comme de nuit, rien ne s’arrête !
Carrefours taillés à angles droits, buildings de verre et d’acier aux arêtes saillantes, derniers produits à la mode affichés sur d’immenses écrans lumineux, le cœur de Ciudad de Panama prend des airs de Manhattan :
C’est "Time Square" enrubanné de palmiers !
Ciudad de Panama transpire, ventile des souffles chauds, étincelle de panneaux publicitaires clignotants:
La ville scintillante se prend pour Singapour.
Le temps n’existe plus, place ouverte aux lumières, les banques rivalisent de hauteur, Ciudad devient Panama City, les marchands du temple ont définitivement américanisé cette baie du Pacifique, les billets verts passent toujours à la lessiveuse !
Peu importe, l’argent n’a pas d’odeur, « In God we trust » béni chaque dollar !
Nous sommes dans un casino géant !
Notre chauffeur de taxi, lui, n’a pas touché le jackpot ! L’embrayage patine, les amortisseurs sont morts et les odeurs de gasoil traversent l’habitacle.
Il nous déposera devant un backpaker qui a fait son trou au cœur des gratte-ciel :
Un improbable jardin bordé de palmiers agrémente une piscine, quatre dortoirs se partagent les étages.
Les buildings encerclant n’ont pas encore réussi à manger ce sage hébergement paisible pour petits joueurs du voyage.
Circulation anarchique méprisant le piéton, traverser les rues devient une gageure au milieu des 4X4 rutilants.
Mais la ville peut séduire, on peut s’y sentir bien et dépasser les premières impressions de tumulte et d’agitation permanente.
On flaire l’énergie bouillonnante d’une ville verticale dressée vers le ciel :
Les immeubles de 40 à 50 étages paraissent bien fragiles à côté des quelques quinze géants dépassant les 200 mètres de hauteur.
Devant la baie, la « Trump Ocean Club », en forme de voile frôle les 300 mètres d’aplomb!
Ce fier vaisseau est maintenant détrôné par les 340 mètres de « Mégalopolis 2 ».
Des fenêtres de notre dortoir, « el Tornillo », comme une vis sans fin, semble percer le bleu du ciel :
Architecture futuriste qui ne lasse pas, pureté des lignes, élégance des formes…
L’ensemble monumental de la Sky line reste harmonieux, la promenade sur le front de mer révèle les prouesses architecturales des grands bâtisseurs du monde moderne.
Face à ce centre urbain international, planté sur une étroite péninsule, Casco Viejo, le vieux Ciudad de Panama, conserve ses trésors romantiques coloniaux.
Il y a un peu de Cuba, un peu de Granada dans cette restauration de belles demeures et d’églises du faubourg San Felipe.
C’est en 1997 que l’Unesco inscrit l’ensemble du quartier sur la liste du patrimoine mondial.
Depuis une dizaine d’années Casco Viejo retrouve peu à peu ses lettres de noblesse, les cafés, les restaurants haut de gamme et hôtels chics se multiplient, les nouveaux riches propriétaires, souvent étrangers, s’incrustent.
Si les touristes tombent rapidement sous le charme de ce « village » où le piéton reprend un peu de ses droits, il n’en va pas de même pour les habitants historiques, locataires modestes pour la plupart, qui se font chassés du secteur au profit de l’inévitable « gentrification ».
Bien par hasard, nous assisterons à une maigre manifestation de locataires protestant contre les expulsions.
Face aux investisseurs le combat est inégal.
Regardant la mer, l’ambassade de France trône sur la Plaza de Francia, ça ne s’invente pas.
Un monument, obélisque de béton, rend hommage à la tentative initiale du percement de l’isthme par les Français.
Il s’en est peut être fallu de peu pour que Panama et son canal ne tombe dans l’escarcelle française.
En contrebas de l’église de la Merced, l’authentique marché aux poissons borne l’entrée du quartier populaire. Fabuleux bazar pour les acheteurs, le négoce y est intense.
Plaisir des yeux, effervescence du retour de pêche, il ne reste plus qu’à s’installer sous les barnums de la cinta costera pour déguster céviche délicieux et poissons grillés !
Un bonheur sous le soleil de Ciudad de Panama !
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