Pérou 6, Huaraz, de Punta Callan à l'introuvable laguna Llaca...
Pérou 6, Huaraz, de Punta Callan à l’introuvable laguna Llaca…
Pour les « andinistes » et les accrocs de randonnées alpines, Huaraz est le pôle magnétique qui aspire les marcheurs venus du monde entier.
La Cordillera Blanca semble avoir un pouvoir magique, ensorcelant, et fascine le monde du trek !
Mais pour ceux qui ne se sentent pas l’âme d’un trekkeur, surtout quand les conditions climatiques s’en mêlent, des solutions existent pour admirer sans trop peiner les impressionnants sommets de la Cordillère Blanche.
Il faut se rendre au col de Punta Callan, un collectivo vous y dépose pour une poignée de cerises et du haut des 4200 mètres, la cohorte des magnifiques sommets enneigés se dévoile dans toute sa splendeur !
La vision panoramique est spectaculaire, l’œil peut capter pratiquement l’ensemble de la Cordillère qui barre l’horizon sur près de 170Km.
Nous étions seuls en haut de ce col :
Vent fort et basses températures pouvant expliquer la faible fréquentation du Punta Callan ce jour de mars.
Quelques belles fenêtres, trop courtes, ont autorisé un lever de rideau sur le théâtre des glaciers, mais les colonnes de nuages ont vite clôturé le spectacle.
Nous avons pris notre temps pour descendre tranquilo les alpages au gré des villages de montagne endormis.
Si le décor est grandiose, les conditions des paysans andins restent misérables.
Peu de moyen pour cultiver les terres, les familles vivent en quasi autarcie, développant une agriculture vivrière à base de pomme de terre, quinoa, oca, trigo.
Les élevages de moutons apportent un rabiot indispensable à une vie de labeur qui parait ne pas avoir changée depuis des lustres.
Sur le bord de la route, Nestor, à grand coup de masse casse des cailloux.
C’est pour construire sa maison nous dit-il…Il pense se marier, alors il doit prévoir son logis.
Il restera au village, il y est né, ici c’est toute sa vie de paysan qui est programmée et depuis peu l’électricité est arrivée au pignon des maisons ! Amélioration notable, Nestor est content.
Le jour suivant, nous mettons au point un trek pour faire le tour de la Laguna Llaca culminant à près de 4600 mètres.
La vallée de Llaca a l’avantage d’être à une courte distance de Huaraz (28km) et peu fréquentée nous dit-on…On le comprendra pourquoi plus tard !
Pour s’y rendre, il faut louer un taxi qui doit vous amener à proximité de la lagune et ensuite on peut donc faire le tour du lac, approcher le glacier, casser la croute.
Le tout n’excédant pas 3 à 4 heures de balade. Et le taxi attend votre retour de randonnée pour revenir à la ville.
Il s’appelle Aldo, (avec un prénom comme ça, j’aurais dû me méfier !) il est jeune, conduit un taxi flambant neuf, et , est d’accord pour le service à la journée.
Nous convenons d’un prix incluant le transport et le temps d’attente.
Renseignements pris à l’hôtel, pour atteindre la lagune, il faut deux heures pour effectuer les 28 km.
La piste de montagne n’est pas facile… Aldo nous assure bien maitriser le secteur !
Il est sympathique Aldo, parle football, connait bien les grands noms du foot français, et s’arrête fréquemment en chemin pour demander sa route aux paysans rencontrés.
Je commence à saisir que le Péruvien qui en connait un rayon sur le ballon rond est bien moins à l’aise pour se rendre à laguna Llaca.
Dans un décor superbe, nous trouverons notre route peu à peu, mais la berline a de plus en plus de mal à passer le chemin rocailleux visiblement très détérioré avec les fortes pluies récentes.
On s’arrête souvent, on déplace des grosses roches, mais le bas de caisse du taxi souffre sérieusement !
Aldo parait soudain inquiet:
La Toyota ne lui appartient pas…il l’a loué pour la journée (pratique courante) et a tout intérêt à la rendre en soirée en bon état !
Mais Aldo qui prétend bien connaitre ce secteur, passablement beau mais désolé, nous assure que nous sommes tout près de la lagune.
Alors nous décidons de continuer à pied et Aldo va pouvoir pioncer en attendant notre retour !
À l’évidence, il aurait fallu un 4X4 pour approcher cette lagune. Mal nous en en a pris d’accorder une confiance sans réserve à notre sympathique jeune chauffeur !
Nous allons donc progresser vers la lagune durant plusieurs heures en apercevant le glacier qui semblait s’éloigner au fil des kilomètres parcourus.
Le sentier fait d’innombrables détours dans un paysage magnifique. Vraisemblablement, nous étions à une bonne dizaine de km de la lagune où Aldo n’avait jamais mis les pieds !
Nous aurons mis quelques temps à comprendre que la lagune serait introuvable ce jour-là.
La distance était beaucoup trop longue pour envisager un aller-retour dans la journée, le temps a commencé à tourner vers les 15h.
Sans surprise en montagne, le ciel a viré au bleu-noir menaçant.
Nous avons fait demi-tour quand il le fallait, avons marché six bonnes heures dans un décor splendide, totalement seuls:
Impression étrange mais fabuleuse !
Aldo comprenant qu’il n’avait pas rempli son contrat nous ramènera à Huaraz par un chemin différent nous permettant de faire l’arrêt sur un site de sépulture Incas.
Sur place, ne perdant pas le sens des affaires, il proposera (avec notre accord) de ramener en ville deux jeunes policières en charge de la sécurité du site ayant terminé leur service.
Sacré Aldo ! Un bon gars en somme mais qui ne connait pas bien le coin !
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