Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Rwanda 10, les lieux de mémoire.

 

 

 

 

 

"  Il n’y aura pas d’humanité sans pardon, il n’y aura de pardon sans justice, mais la justice sera impossible sans humanité…"

 

 

Yolande MuKagasana…survivante du génocide.

 

 

 

 

 

 

Les lieux de mémoire.

 

 

 

De collines en collines, du Parc National des Volcans aux marigots du Bugesera, du lac Kivu à la frontière Tanzanienne, pas une parcelle de cette terre n’a été épargnée par la monstruosité de la violence génocidaire.

 

 

 

 

 

 

 

Pour ne pas oublier la folie des hommes, le gouvernement Rwandais a sanctuarisé les sites les plus « emblématiques » de la planification anti-Tutsis.

 

 

 

 

 

De nombreuses églises se voient attribuées l’appellation « Mémorial », elles sont restées en l’état pour prouver aux générations futures que le génocide a bien eu lieu, et qu’il ne s’agit pas d’une vision de l’esprit.

 

 

 

 

Nyamata , Ntarama et Kibuye illustrent parfaitement la confiance aveugle des Tutsis dans la protection illusoire que pouvaient offrir les « Maisons de Dieu ».

 

 

Ce sont des dizaines de milliers de victimes, entassées dans les églises, qui ont perdu la vie, massacrées sous le regard de Jésus en croix, impassible.

 

 

 

 

 

 

La visite des sites est bouleversante. Gênante jusqu’à l’obscénité…Fascinante comme le pouvoir de donner la mort.

 

 

 

 

 

 

 La sérénité de l’endroit, le calme, et souvent la beauté des paysages qui accompagne les lieux de mémoire, renforcent le trouble qui s’empare du visiteur.

 

 

 

 

 

 

Les rescapés qui  nous reçoivent répondent sans ambiguïté à nos interrogations  hésitantes.

 

Du génocide « Tutsi » au génocide « Rwandais », la dénomination définitivement  adoptée par les autorités est devenue " Le génocide  contre les Tutsis ".

 

« Contre les Tutsis » permet d’inclure dans les victimes, les Hutus modérés, tout en confirmant la réalité de la planification de solution finale à l’encontre des Tutsis.

 

Les femmes(*) Tutsis ont eu un traitement de "choix" dans cette extermination…

 

 

Des armes spécifiques leur ont été réservées : longues triques aiguisées destinées à anéantir toute procréation, à abolir toute fécondité capable d’assurer la transmission…Détruire la matrice!

 

Les viols systématiques, arme de guerre, ont été couramment pratiqués sur les femmes et les jeunes enfants sans distinction de genre.

 

Bien souvent les génocidaires porteurs du sida, ne tuaient pas leur victimes, préférant diffuser une mort lente.

 

Des survivantes de ces viols continuent à mourir faute d’accès aux soins.

 

Des violeurs génocidaires, condamnés par le Tribunal International d’Arusha dorment en prison et bénéficient de la trithérapie!

 

De l’horreur ajoutée à l’horreur.

 

…Et puis il y a la colline de Murambi, au sud du pays près de Butare :

 

C’est un environnement bucolique, les collines encadrent une magnifique vallée où se développent des rizières immédiatement bordées d’eucalyptus et de caféiers en terrasses.

 

Ce matin, il fait grand soleil. Le ciel est pur quand Gertrude nous accueille au Mémorial de Murambi : la colline aux ossements.

 

 

 

 

 

Nous sommes seuls devant cette école technique inachevée  qui servira de tombe aux cinquante mille Tutsis rassemblés un soir d’avril 94…

 

Ce jour-là le Bon Dieu s’est enfuit du Rwanda.

 

 Comme bien d’autres, il a laissé faire. il a eu peur de la folie des hommes !

 

24 h ont suffi ! 50 000 hommes, femmes et enfants massacrés en 24 h !

 

Un « travail » de Stakhanoviste !

 

En juin de la même année, les militaires Français de l’opération Turquoise installent  leur campement sur la colline de Murambi.

 

Où ?

 

…Sur les charniers, recouverts à la hâte par les génocidaires qui, restés dans la région, obtiennent protection des soldats Français ;

 

Me vient à l'esprit cette question :

 

« Les militaires savaient-t- ils que des fosses contenant des cadavres se trouvaient sous l'emplacement de leurs tentes ? »

 

Réponse de Gertrude:

 

« Oui, ils savaient… »

 

« Qui leur avait dit ? »

 

Gertrude:

 

« …Les chiens….Les chiens les dérangeaient….Attirés par l'odeur, ils venaient gratter la terre…oui ils savaient… »

 

 

 

 

 

 

Plus tard, lors de la visite,

 

 Gertrude:

 

« …Là, c’est où il y avait le drapeau des Français….Vous voyez là-bas…c’est leur terrain de volley-ball…C’était sur les morts vous savez.. »

  

Et Gertrude d'ajouter :

 

« …Les Français c’était pas bien…ils ont fait des viols… »

 

Je m'interroge, ça semble tellement lourd  à accepter...

 

« Comment peux-tu dire ça Gertrude ? L’installation sur les fosses d’accord …mais les viols ? »

 

Gertrude:

 

« …Si, il y a les témoignages… Les femmes…oui, les femmes ont dit…»

 

Nous ne répondons rien…Que pouvons-nous dire d’ailleurs?

 

Concernant la terrible accusation qu’assène Gertrude, si les doutes ne sont pas levés, les différentes enquêtes n’ont pas permis d’établir ce fait.

 

La colline de Murambi est noyée de soleil quand nous quittons le Mémorial.

 

Nous parcourons à pied les 3 km de piste qui rejoignent la grande route.

 

Partout les gamins nous saluent !  « Bonjour, comment ça va ? »

 

 

… Et les vieux que l’on croise…Où étaient-ils il y a 18 ans ?

 

 

 

 

 

En contrebas dans les rizières, des détenus sont au travail : uniformes roses, ils sont en attente de jugement, uniformes orange ils sont condamnés.

 

 

 

 

 

(*):

 

Un changement majeur en politique ?

 

 

 

Au Rwanda, les femmes se retrouvent aujourd’hui au-devant de la scène politique… par leur nombre.

 

 

 

L’influence des femmes Rwandaises dans la société fait l’objet d’un documentaire vidéo diffusé par le programme des Nations Unies pour le développement. (PNUD)

 

 

 

Quel est donc le poids de la représentation féminine dans ce régime « dictatorial  éclairé »?

 

 

 

S’agit-il d’une façade opportuniste pour légitimer la "démocratie" annoncée ?

 

 

En tous les cas le Rwanda est le premier pays au monde à afficher une représentation parlementaire dont les femmes dépassent les 50% .

record mondial !

 

« Quand les hommes étaient à la majorité, nous avions du mal à faire passer quoi que soit concernant le genre.

 

Mais à présent, la force du nombre joue en notre faveur »,

 

 

 

déclare Espérance Mwiza, membre de la Chambre des députés.

 

 

 

 



11/10/2012
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