Soudan 2, Tous les chemins du sud mènent à Khartoum !
Soudan 2,
Tous les chemins du sud mènent à Khartoum !
Un passage obligé !
Khartoum, une capitale incontournable pour qui veut visiter le Soudan, ce grand pays…Démocratique !
« Gouverné », par Omar el-Béchir, aux manettes depuis 1989, le pays est sous la férule implacable de ce dictateur sanguinaire qui est sous le coup de deux mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour.
Rien que ça !
Malgré cette pancarte sur son paletot, ce César africain se ballade apparemment sans souci de la Russie à l’Afrique du Sud, s’appuyant sur des soutiens manifestes comme l’Arabie Saoudite et la Turquie d’Erdogan.
Les Soudanais courbent l’échine…Pour l’instant.
Comme dans tous les régimes arbitraires, le pouvoir a mis en place un imposant système de paperasseries abusives, entrainant une lourdeur administrative sans nom, mais voulu par l’autorité qui régente le quotidien de la population.
Le labyrinthe bureaucratique est lent à démêler, pour y voir plus clair il faut se faire aider !
En premier lieu, l’enregistrement au bureau de l’immigration :
Procédure longue et complexe pour celui qui ne parle pas arabe, autant laisser les hôtels, moyennant finance, régler l’affaire.
Nous n’hésiterons pas à nous libérer de cette démarche fastidieuse en confiant passeports et documents à la réception de l’hôtel.
Nous ne voudrions pas comparer, mais nous avons Addis Abeba à l’esprit et on se dit quand même que Khartoum c’est bien différent :
La ville a une apparence moderne, les quartiers résidentiels sont bien tenus, les immeubles ne sont pas en éternelle construction, des îlots de verdure apportent la fraîcheur, une belle alliance d’architecture futuriste et plus ancienne répond à un véritable plan d’aménagement urbain.
La 3G est presqu’obsolète, la 4G est en marche !
Et puis bien sûr, calmes et puissants, les deux Nil, le Blanc et le Bleu s’unissent au cœur de la ville.
Il suffit de grimper au dernier étage d’un hôtel bordant le fleuve pour profiter de la vue sur la confluence et assister à la naissance d’un géant !
Un long parcours débuté depuis les sources du lac Victoria pour l’un, et une descente rapide des hauts plateaux éthiopiens et du lac Tana pour l’autre, voilà devant nous la formation du Nil, fleuve roi, nourricier, qui s’en va courir jusqu’en Méditerranée.
Dans le standard Africain, Khartoum apparaît bien placée dans les villes agréables.
Il lui reste évidemment beaucoup à faire pour régler les problèmes de déchets ménagers (plastiques, détritus…) et pour résoudre une circulation urbaine qui congestionne la plus part des quartiers.
Ce qui nous étonne le plus dans cette capitale de pays « Islamiste », c’est une certaine liberté affichée en plein jour :
Le voile intégral est rare, le foulard est bien représenté mais un certain nombre de femmes circulent avec élégance, habillées à l’européenne sans que cela ne semble importuner le badaud.
Mais qu’on ne s’y trompe pas :
Le pouvoir veille !
La coquetterie est réservée à l’élite, certainement proche des lambris et dorures du palais Présidentiel !
On constatera par la suite, qu’en milieu rural, le long du Nil, la mode vestimentaire diffère, les mentalités aussi.
Les mosquées sont bien plantées un peu partout dans la capitale ; Les plus anciennes, sobres, sont un bel exemple d’architecture arabisante.
Plus surprenant, dans ce pays où le Prophète est respecté avec solennité, c’est, dans plusieurs quartiers, l’étonnante présence d’églises Chrétiennes d’où s’échappent des puissants « alléluia, alléluia… » de la même façon que les hauts parleurs des minarets appellent à la prière !
Les Coptes, relativement nombreux, qui résident aujourd'hui au Soudan et qui sont propriétaires de leurs églises, descendent tous d'Egyptiens immigrés et ne sont donc pas une survivance de la chrétienté nubienne du passé.
Si à Khartoum on déroule facilement le tapis de prières, on peut aussi se défouler dans les salles qui invitent à « sculpter ses courbes » :
Sur des musique modernes, on dépose la djellaba, pour ne rien perdre des séances de « Zumba » !
Un coup de chaud dans la ville ? Ici on connait l’importance de l’eau :
Des distributeurs d’eau sont à disposition un peu partout dans les rues. Ce même système, traditionnel, est appliqué au bord des routes qui sillonnent le désert.
Khartoum ne déroge pas à la règle des grands centres urbains, la ville a évidemment son « Mall » de très bonne facture, centre commercial de plusieurs étages, magasins climatisés, ambiance feutrée.
On peut donc faire chauffer sa carte bancaire à loisir.
Enfin pour ceux qui en ont les moyens !
(Sauf pour les occidentaux, car les CB émises à l’étranger sont inopérantes, cash en Dollars ou Euros bienvenus !)
Notre entrevue au Ministère du tourisme pour obtenir le « travel permit » nous fera rencontrer un fonctionnaire sympathique qui sera de bons conseils pour la suite de notre parcours.
Pour visiter les différents sites archéologiques de la vallée du Nil, il a une solution qui ne peut que nous convenir :
D’accord, il est fonctionnaire…Mais pas que !
Son cousin travaille dans une « travel agency », son frère connait un « good driver », son oncle bosse à l’Ambassade de France, le mari de sa jeune sœur travaille au musée d’archéologie, son grand père…
Ah non, lui il est au paradis !
Bref le fonctionnaire va nous concocter un « tour » qui va nous faciliter la vie !
Le bougre n’est pas dénué de bon sens ;
Nous nous appliquons à étudier sa proposition tout en sachant que certains sites sont plantés au milieu du désert de Nubie, inaccessibles en bus, et qu’inévitablement il nous faudra un 4x4 pour avancer dans le sable !
Après réflexion, nous passons un contrat de deux jours qui nous conduira sur les pistes du nord de Khartoum ;
Nous n’aurons pas à le regretter !
(Paiement en cash, sans facture…Fonctionnaire businessman !)
Nous irons faire une visite à l’Ambassade de France.
Il n’y a pas d’obligation pour accomplir cette démarche, mais elle n’est pas forcément inutile.
L’accueil est courtois, deux gendarmes nous reçoivent :
Le plus jeune est des Charentes ; Le plus ancien, de Marseille, ensablé à Khartoum depuis près de cinq ans, a perdu l’accent méridional.
Photocopie des passeports, enregistrement de notre itinéraire et rappel des règles de prudence en nous donnant un numéro de téléphone dédié en cas de nécessité.
Les fonctionnaires Français nous confirment que nous allons évoluer dans un secteur sécurisé, mais le pays reste soumis à une certaine tension interne, en particulier avec le coût de la vie qui ne cesse de renchérir et la très récente « crise du pain » qui a provoqué des manifestations dans la capitale liées au doublement du prix de la farine cette semaine.
En quittant ce bastion Français, nous passons devant l’Ambassade de Syrie où une file de jeunes gens s’abritent dans l’ombre du haut mur d’enceinte.
Mahmoud , jeune réfugié Syrien d’Alep, document à la main, nous expliquera qu’il fait partie des heureux bénéficiaires d’un report de période pour effectuer son service militaire.
Tous ces réfugiés patientent à la porte de leur Ambassade pour la même raison, l’obtention d’un sursis.
La survie n’est pas simple pour ces jeunes Syriens ; Meurtris par des années de guerre, ils ont fui leur pays en ruines ;
Le Soudan les a accueillis, certains arrivent à dénicher un petit boulot payé 100 US $ par mois.
Ils ne sont pas nombreux à vouloir sauter dans les rangers et enfiler l’uniforme aux couleurs de leur pays ! On peut les comprendre !
Mahmoud nous confie qu’en Syrie la situation s’améliore, qu’il voudrait rentrer.
Il s’exprime dans un anglais excellent, capte pas trop mal le français.
Son pote qui l’accompagne l’écoute, sourit…Il paraît fragile.
Mahmoud ne veut pas évoquer la politique nous dit-il, il préfère parler de Paris et de l’Europe.
Et sa famille ? On n’en parle pas non plus, on a trop peur des réponses !
Rencontre chargée d’émotions, nous sommes à mille lieux de leurs souffrances même si nous pouvons les imaginer.
Trop vite sortis de l’adolescence, trop longtemps privés de rêves, ces jeunes ont su ne pas commettre l’erreur de tenter « l’aventure » en Lybie :
Ils en connaissent les dangers !
La communauté Syrienne semble être bien organisée à Khartoum.
En soirée, à proximité de notre hôtel, un grand rassemblement a lieu pour l’inauguration d’un nouveau restaurant syrien :
Grosse sono, musique ensorcelante, chanteur en mode « rap » et danses qui rassemblent les hommes.
Ce soir, la nourriture est offerte ! Nous sommes invités !
Discrètement, on s’éclipsera :
On ne peut, sans scrupule, accepter cette générosité dont nous n’avons pas besoin.
On ira craquer quelques « livres soudanaises » dans un resto qui arrose les grillades d’agneau de citron vert pressé ;
En accompagnement, galettes de pain, concombres à l’aigre-doux, jus d’avocat, de pamplemousse ou d’orange.
Délicieux, le tout servi avec beaucoup de sourires !
Demain, nous ferons route vers un Soudan historique:
Nous irons à la rencontre des temples nubiens de la vallée du Nil, un parcours méconnu, un territoire confidentiel, la Nubie soudanaise millénaire !
Conseils aux voyageurs :
Les visas sont en principe délivrés par l’Ambassade du Soudan dans le pays de résidence (Paris pour les Français).
Prévoir un long délai pouvant aller de deux à trois semaines (données 2017/2018)
Aucune possibilité d’obtenir le visa aux postes frontières terrestre, ni à l’arrivée à l’aéroport de Khartoum.*
* Exception faite si le voyageur est en provenance de l'Egypte où il serait possible d'obtenir le visa Soudanais à Aswan.
Vérifier cette possibilité en temps réel, le délai d'obtention peut prendre plusieurs jours, bureau ouvert certaines matinées uniquement.
En provenance d’Ethiopie, mesure d’exception, visa de transit valable deux semaines utilisable dans un délai d’un mois obtenu à l’Ambassade du Soudan à Addis Abeba, coût 84 US $ ;
À l’ambassade du Soudan prévoir :
Deux photos d’identité récentes, photocopie du passeport, photocopie du visa Éthiopien, adresse d’un « sponsor » à Khartoum (en fait adresse d’un hôtel, plus le nom du manager).
Paiement en Dollars US uniquement.
N’attendez aucun reçu de paiement…C’est main dans la main.
Dépôt du dossier et restitution du passeport sous 24 heures. Un seul élément manquant, retour à la case départ !
Pour plus de précisions, consulter :
Ethiopie 21, Addis Abeba mérite bien un retour.
À l’arrivée au Soudan :
Enregistrement au service de l’immigration, délai de 3 jours après l’entrée dans le pays :
Coût 26 US $ (tarif Janvier 2018).Aucun reçu de paiement non plus.
Confier cette démarche à l’hôtel à Khartoum, c’est plus simple.
Se rendre au Ministère du Tourisme pour obtenir le « travel permit » délivré gratuitement, se munir du passeport et d’une photo d’identité.
Ce document est indispensable pour circuler dans le pays et satisfaire les nombreux contrôles sur la route et à l’accès aux sites archéologiques.
Détailler votre itinéraire.
(en précisant vos étapes : indiquez en plus que moins, même si vous ne visitez pas tout ce que vous avez envisagé).
Ne jamais donner l’original aux « check points », mais se munir d’un nombre suffisant de photocopies qui seront conservées par la police.
Pour ceux qui suivent le Nil et qui désirent visiter l’ensemble des sites Nubiens, prévoir entre 10 et 15 copies.
À chaque nouvelle étape dans une ville, ne pas omettre de vous faire enregistrer auprès de la police locale (demander « Maktab Ahlam ») :
Nombre de nuitées et adresse de la pension (procédure gratuite).
Avec le passeport en main, ne pas s’étonner que le fonctionnaire vous demande de décliner de vive voix votre nom et votre nationalité, en général il ne sait pas lire notre alphabet, comme nous ne savons pas lire les signes de l’alphabet Arabe.
Il n’est plus nécessaire d’obtenir un permis de photographier :
Attention aux interdictions nombreuses:
En dehors des sites sensibles habituels (Casernes, terrains militaire, ouvrages d’art, raffineries, etc...)
il est également interdit de photographier les mendiants (relativement rares au Soudan), les bidonvilles (honnêtement on n’en a pas vu !) et tout sujet tendant à dévaloriser le pays.
Bon voyage !
Vous ne le regretterez pas, les Soudanais sont très attachants, l’accueil n’est pas galvaudé, c’est vraiment une découverte d’exception !
Pour voyageurs avertis prêts à endurer une certaine forme d’inconfort.
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