Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Colombie 17, Medellin, de la violence à l'innovation...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Colombie 17,

 

 

 

 

 

 

Medellin, de la violence à l’innovation.


    
                                                                            

 

 

« Sabaneta avait cessé depuis longtemps d'être un village, c'était devenu un quartier de plus de Medellin, la ville l'avait rattrapé, l'avait avalé ; et la Colombie, entre-temps, nous avait échappé. Nous étions loin, et de loin, le pays le plus criminel de la terre, et Medellin la capitale de la haine. Mais ces choses se savent, elles ne se disent pas. Désolé. »

 

 

 

 

La vierge des tueurs. Fernando Vallejo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En route pour Medellin:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Medellin : (prononcez Médeyin)

 

 

 

 

 

 Coincée dans les boursoufflures de la cordillera central, elle s’étale en longueur, sans autre choix, elle doit suivre le rio Medellin qui ravine une étroite vallée d’altitude.

 

 

 

 

 Deuxième ville du pays, grande rivale de Bogota, Medellin rêvait d’afficher une cohésion urbaine, mais sa démographie galopante et les barrios populaires avalant  voracement la montagne ont eu raison des meilleurs aménageurs du moment.

 

 

 

 

Les vieux de la capitale de l’Antioquia se demandent où est donc parti ce ciel bleu qui longtemps fit la réputation de leur ville.

 

 

 

Un ciel azur, flattant le vert des collines et enjolivant la brique rouge du fatras urbain des faubourgs qui continuent de dévorer les hauteurs de Medellin.

 

 

Elle aurait voulu aussi être « verte », mais c’est bien souvent une voûte grisâtre et brumeuse qui enveloppe désormais  cette succession de collines peuplées de toits de tôle qu’on a lestés de parpaings de peur qu’un coup vent ne les expédie chez des plus pauvres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trop de voitures, trop de motos, trop de fumées noires dans ce cirque naturel à 1500 mètres d’altitude  où les effluves de gasoil, qui pénètrent à l’intérieur même des cafés et restaurants, contrarient les occupations de près de 3 millions et demi d’habitants !

 

 

 

 

La ville est bien tenue, (un véritable effort est fait dans ce sens !), rues du centro constamment balayées, quelques coins clochardisés échappent à la règle, métro nickel, places et parques entretenus avec soins, tri sélectif.

 

 

 

 

 

Medellin a une allure de cité propre mais elle demeure malgré tout la ville la plus polluée de Colombie.

 

 

 

 

 

À vrai dire, la contamination la plus marquante reste la réputation  qu’elle trimballe depuis qu’un certain Pablo Escobar en fit la capitale mondiale du trafic de cocaïne dans les années 80 !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cartel de Medellin:

 

 

 

La plus grosse armada de narcotrafiquants au monde, plus de 400 millions de dollars par semaine (oui, par semaine !) générés par la vente de la « blanche », un chiffre démentiel qui permit à Escobar de « proposer » au gouvernement Colombien le rachat de la dette extérieur du pays !!  (Sans succès)

 

 

 

 

Que reste-t-il de ces années de plomb dans la cité de l’Antioquia ?

 

 

 

La ville a semble-t-il définitivement tourné la page de l’ultra délinquance.

 

Elle s’emploie  à trouver les remèdes pour améliorer l’atmosphère d’une agglomération prisonnière d’une circulation anarchique et combat l’image sulfureuse d’une destination encore jugée dangereuse.

 

 

 

Pourtant, les sourires et la gentillesse  de ses résidants, fiers de leur ville, font de Medellin aujourd’hui une cité moderne, beaucoup plus sûre que par le passé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est certainement aussi pour cela qu’on s’y sent bien, qu’on flâne dans le  Paseje Junin avant de s’attarder agréablement à la terrasse d’un café devant les statues de Botero, splendide musée en plein air.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et si le temps vous presse, accordez-vous  une matinée au Museo de Antioquia,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bâtiment Art déco sans charme véritable, mais abritant les œuvres de la collection privée de Botero, et entre autres, une aile consacrée à l’exposition de plus de cent peintures grand format de l’artiste qui fit don à sa ville de ses toiles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Botero aime sa ville natale:

 

 

Ses sculptures monumentales  plantées sous les frangipaniers sont un symbole fort de la renaissance de Medellin !

 

 

 

Sur la place Botero, on vient en famille toucher  La Mano, La Mujer con fruta,  Eva, Maternidad …

 

 

Car comme le veut la légende, le simple fait de toucher les façonnages de bronze de  l’artiste, suffit à garantir  amour et chance !

 

 

 

 

 

Trop  longtemps meurtrie par la violence, Medellín, poursuit depuis une quinzaine d’années une profonde mutation.

 

 

Après les années sombres, une politique axée sur la refondation sociale, mettra en valeur l’innovation tout azimut.

 

 

 La meilleure illustration de cette importante évolution sera  la création du métro et des téléphériques devenus le symbole  d’une ville volontaire tournée vers l’avenir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est une constance dans les villes sud-américaines, comme un acharnement fataliste asservissant les populations rurales venues chercher du boulot, qui faute d’argent, s’installent  à flanc de montagne, à la périphérie du centre :

 

 

Ainsi naissent les « quartiers pauvres » pas encore bidonvilles mais qui y ressemblent.

 

 

 

Medellin n’échappe pas à ce schéma mais saura innover pour désenclaver ces quartiers réputés dangereux :

 

 

 

Le Métrocable, un outil résolument moderne, « assainira » les barrios.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Des cabines rutilantes se balancent doucement dans le ciel, transformant le paysage et le quotidien  des gens modestes qui maintenant vivent sur des pentes toujours aussi difficiles à gravir mais devenues plus sûres et plus tranquilles.

 

 

 

On peut, comme nous l’avons fait, se promener  « tranquilo »dans le faubourg  de San Domingo, déguster un super jus d’orange à l’aloe vera, et comprendre pourquoi, ici, les téléphériques sont plus qu’un moyen de transport…Beaucoup plus !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait du journal :

 

 

« El tiempo » (traduction  pour Courrier International) :

 

 

 

 

 

 

« ….La ligne de "Metrocable" a été mise en service en 2003. 45 000 personnes l'utilisent régulièrement. Ses trois stations - sur plus de 400 mètres de dénivelé - desservent les quartiers déshérités du nord-est de la ville. Entrée en service en 2008, une deuxième ligne longue de 2,7 kilomètres dessert les quartiers ouest. Une troisième ligne est en construction.

 

 

 

 

Metrocable est le seul téléphérique au monde intégré au réseau du métro urbain. Mais, au-delà de la prouesse technique, l'important, c'est la "prouesse sociale" :

 

 

grâce au téléphérique, les quartiers pauvres sont désenclavés. Un seul ticket permet de traverser la ville de Medellin et de partir vers les hauteurs.

 

 

 

Antonia économise 7 000 pesos (2,3 euros) par jour. Pour une famille de quatre personnes, le gain atteint 70 euros par mois, c'est beaucoup dans un pays où le salaire minimum est de 170 euros...

 

 

 

 

Le groupe français Poma a fourni la conception, le système et les cabines ; une entreprise colombienne a construit les pylônes et les stations.

 

 

 

En contemplant la structure de béton, de verre et d'acier qui trône au cœur du quartier Santo Domingo, une vendeuse ambulante s'extasie : "C'est beau, hein ? Et c'est pour nous, les pauvres."

 

 

 

 

Metrocable contribue à en faire des citadins et des citoyens à part entière".

 

 

La vendeuse de Santo Domingo renchérit : "Il y a cinq ans, la police ne mettait jamais les pieds ici. C'était trop dangereux. Mais maintenant, on est tranquille. Regardez, une banque a même ouvert une agence."

 

 

 

Pas un graffiti, pas un papier par terre : comme le métro, le téléphérique brille de propreté. A Medellin, on parle de "culture métro", un synonyme de civisme… »

 

 

 

 

 

 

 

 Ces télécabines au-dessus de la misère, font partie des réussites de Medellin.

 

Une innovation  qui a profondément changé la vie et l’économie des quartiers marginaux.

 

 

En expérimentant le  Metrocable, nous avions l’idée de visiter la « Bibliotéca España » symbole d’un désenclavement  social et culturel, projet aidé par le gouvernement Espagnol et porté par l’architecte Giancarlo Manzatti.

 

 

 

 

 Concepteur d’un super édifice futuriste et osé, l’architecte a dû relever plusieurs défis :

 

 

 

 

Une implantation au cœur d’un barrio déshérité, mais surtout occuper des pentes vertigineuses très difficiles à construire sans bousculer «  l’habitat » chaotique environnant.

 

 

 

 

Nous n’avons pas vraiment su pourquoi, mais lorsque nous sommes arrivés en haut de San Domingo, de la bibliothèque quasi neuve, il ne reste plus que la structure en attente d’une « renovation » difficilement compréhensible pour  un bâtiment achevé il y a moins de dix ans.

 

 

 

 Problème d’étanchéité ?, souci de structure (béton et ferraille)?, stabilité défaillante du terrain ?…Problème de corruption dans la ville renaissante ?

 

 

 

 

 

Pas facile de trouver les explications à cette  aventure audacieuse  à moitié avortée,  qui obtint le premier prix de la sixième Biennale d’Architecture et d’Urbanisme de Lisbonne en 2008.

 

 

 

Ci-dessous photos de la Biblioteca au moment de l'inauguration et images de ce que nous avons pu découvrir :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette réalisation d’envergure, dans le barrio Santo Domingo, un des plus touchés par la violence des années 1980 mérite une rapide réhabilitation. Plus qu’un symbole, sur les hauteurs de la ville et visible de la vallée, il porte le message fort  de Fernando Botero :

 

 

 

 

 

« Lorsque l’art entre dans la maison, la violence en sort ! »

 

 

 

 

 

Nous avons logé dans le quartier  El Poblado, ce n’est pas forcément un bon choix.

 

 

Il s’agit du quartier historique qui, au 17ème siècle, vit les premiers habitants s’installer dans el valle de Aburra.

 

Cette  implantation, plus tard, deviendra Medellin.

 

 

Aujourd’hui El Poblado concentre une grande partie des gringos en visite dans la capitale de l’Antioquia.

 

 

 

Un signe qui ne trompe pas :

 

 

 

 

Confortable terrasse sous les frangipaniers, mojito à 30 000 pesos ! Mieux vaut faire un saut à Cuba…ou plus court,  se rendre à la tienda du coin pour une bouteille de ron de Panama !

 

 

 

 

El Poblado  dans  la Zona Rosa est devenu un peu trop aseptisé!

 

 

C’est le quartier des hôtels, pizzerias, fast food, restaurants japonais, cuisine Indienne,  bar et  cafés branchés, sono tapageuse.

 

 

 

Le tout planté dans un charmant  décor de « village » parcouru de parcs et allées ombragées.

 

 

Nous avons vite compris où nous mettions les pieds ; Ici on ne vous lance pas du « Buenas dias, como estan ? »  mais plutôt du « hello, how are you, happy hours at five! »

 

 

 

20 000 pesos el jugo de mango alors que la plupart des excellents jus de fruits frais  sont proposés entre 3 et 5000 pesos partout ailleurs!

 

 

 

La sopa de verduras (solo !) peut  être vendue sans complexe 17 000 pesos tandis que dans le centre, un peu plus brut de décoffrage, un copieux repas complet est proposé à 15 000 pesos. (5 Euros).

 

 

 

En clair, mieux vaut se dénicher un petit hôtel « Colombiano » près de la place Botero, là où les marchands ambulants, vendeurs de glaces ou de ballons, prostituées  rondes comme les statues de l’artiste, se partagent l’espace dans un vivant et sympathique bazar !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Viva Medellin, que le vaya bien !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



12/03/2017
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