Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Cuba 5, Camagüey la catholique...

Cuba 5,

 

 

 

Camagüey la catholique…

 

 

 

 "A ceux d’entre vous qui me traitent de rêveur, je cite les mots de Marti : le rêve d’aujourd’hui sera la loi de demain"

 

 

Fidel Alejendro Castro Ruz.

 

 

 

Camagüey, (prononcez camaoué),ne veut ni ressembler à La Havane, ni s’afficher comme Santiago de Cuba.

 

C’est une ville calme bien plantée  au centre de l’île, qui autrefois se protégeait des pirates par un plan de rues et ruelles déroutant, pareil à un labyrinthe capable de perdre le plus attentionné des touristes.

 

 

Alors on se repère aux clochers des innombrables églises de la troisième ville de Cuba.

 

Le centre historique est particulièrement préservé, en 2008 l’Unesco classe la ville au patrimoine mondial.

 

On l’a dit résolument catholique et indépendante.

 

Ici, l’indépendance  peut se payer le prix fort :

 

Révolutionnaire de la première heure, « el commandante Huber Matos » figure  charismatique de Camagüey et compagnon du « lider Maximo », estima dès 1959, que les rebelles barbus faisaient du bon boulot mais y aller un peu fort avec les principes démocratiques.

 

 Le camarade Huber Matos s’en alarma et critiqua  son pote Fidel sur la façon de conduire les réformes ;

 

Il ira jusqu’à prétendre que Fidel (Y  Raùl también !) enterrait la « revolucion » !

 

 Ce ne fut pas une bonne idée, Huber Matos  ne vit plus les jolis parcs et les belles églises de sa ville qu’en songe, derrière les barreaux.

 

Vingt longues années dans les geôles de Cuba, ça fait réfléchir !

 

Une dizaine d’églises  aux façades baroques disputent l’espace aux maisons de la culture, bibliothèques, galeries d’art, salles de cinéma, écoles de danse.

 

Si l’âme catholique de Camagüey ne fait aucun doute,  (Jean Paul le second, y déposa sa mitre ici en 1998), la culture sous toutes ses formes n’est pas en reste.

 

Etonnant quand même, de trouver en librairie, entre les ouvrages consacrés à Fidel et au Che, les œuvres d’un certain Maximilien …Robespierre !! (J’aurais appris son prénom !), ça fait sourire !

 

 

Plus sérieusement, d’excellents auteurs cubains sont  disponibles. Difficile toutefois  d’avoir accès aux écrivains contestataires publiés à l’étranger.

 

 

Nous logeons chez Raphaël, à proximité du Parque Marti. Dans un ancien couvent transformé en maison coloniale.

 

 

Raphaël, la cinquantaine, ventre proéminent, architecte et fin connaisseur de sa ville, accueille avec convivialité les voyageurs de passage.

 

Le personnage est truculent, parle anglais et adore la langue française qu’il maitrise pas mal du tout. Il ne rate jamais l’occasion d’apprendre un peu d’argot et d’expressions bien de chez nous.

 

 

Un matin, la dame qui officie habituellement au petit déjeuner  lui fait faux bond.

 

Dans le patio inondé de verdure où nous déjeunons, Raphaël sue à grosses gouttes de la cuisine à la terrasse, les poils de son bedon humide frisent sous l’effort :

 

« ce matin ça va pas » nous dit-il, « yé soui yo four y yo moulin como dicen los frances ! ».

 

 

 Sous la surveillance du Christ présent un peu partout dans la « casa », en parfait ambassadeur de sa ville, Raphaël (comme son épouse d’ailleurs, mais plus discrète) saura nous conseiller sur les incontournables de la cité.

 

 

Au hasard de nos promenades nous constaterons l’importance des écoles à Cuba, le soin qu’on apporte à l’éducation des enfants et la place prépondérante de la culture dans la vie cubaine.

 

 

On ne le dira jamais assez, le peuple Cubain est un peuple éduqué, cultivé, inventeur et terriblement attachant.

 

La « revolucion » a très certainement avortée, les beaux principes sont trop souvent restés lettres mortes, mais il est difficile de porter un jugement global sur le régime.

 

 

Tout n’est pas négatif, le système de santé marche, la médecine cubaine est de tout premier ordre (même si de nombreux médocs  manquent), les  transports (pour les touristes) fonctionnent parfaitement.

 

Si les cubains ne dégustent pas la langouste, ils mangent à leur faim.

 

Espérance de vie et taux d’alphabétisation comparables  aux pays occidentaux, les Cubains sont devenus « écologistes » non pas par conviction mais par nécessité.

 

Aucun calcul dans leur démarche, mais lorsque l’URSS s’est effondrée privant l’île de subsides, de produits chimiques et d’engrais, il leur a bien fallu trouver les solutions pour faire pousser les légumes en recyclant et compostant.

 

 

Evidemment, à suivre les « camiones » vomissant une épaisse fumée noire,  à supporter l’incroyable pollution des grands centres urbains, on comprend aisément que l’environnement n’est toujours pas une priorité à Cuba.

 

Cependant  le gouvernement déploie des programmes de reboisement et protège de nombreux espaces naturels.

 

 

Et sans entrer dans l’impossible débat, comment ne pas se poser la question du scandaleux et insupportable embargo  imposé par les Américains ?

 

 

Les onze millions de Cubains, derrière leur souffrance quotidienne, peuvent garder la tête haute, rares sont les pays qui ont pu supporter une telle privation !

 

Chapeau bas pour leur sens de la débrouille, pour leur humour et dérision, pour leur lucidité, pour leur infatigable résistance face au  « Géant » toujours détenteur du « bagne » de Guantamo !

 

Respect pour leurs sourires permanents et leur incroyable gentillesse.

 

Les Souverains absolus, monarques octogénaires  indéboulonnables sont au bord du départ ; les fumeurs de cigares  vont inévitablement casser leur pipe d’ici peu.

 

Qu’adviendra-t-il alors de Cuba ?

 

La belle jeunesse Cubaine, celle qui n’a pas connue la révolucion, a soif de découvrir le monde !

 

 

 Octobre 2015, año 57 de la révolucion

 

 

 

 



07/11/2015
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