Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Equateur 4, Amazonie, dans la communauté Shuars...

Equateur 4,

 

 

 

 

 

 

 

Amazonie, dans la communauté Shuars .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il nous regarde de loin…Ne  répond pas à mon salut mais affiche un sourire figé.

 

 

 

A l’aide d’une épine, Il perce méticuleusement de petites graines qu’il enfile sur un fil de pêche.

 

 Edwin, 31 ans, fabrique des colliers .

 

 

Enfin pas tout à fait !

 

imperturbablement, il répète sans cesse la même succession de gestes techniques :

 

La graine entre le pouce et l’index, l’épine dans la main droite, il perce puis passe le fil dans la graine.

 

 

Plus tard, accoutumé à notre présence, comme pour prendre une mesure, il passera un collier quasi achevé au cou de Marie.

 

Sans jamais se départir de son sourire, il reprendra le collier, ouvrira un sac plastique et d’une main saisira verticalement l’extrémité du fil nylon libérant d’un geste bref les graines qui s’échappent dans le sachet…

 

 

Edwin ne termine jamais ses colliers.

 

 

 Chaque jour il recommence ce fastidieux travail, perce de nouvelles graines, conserve les plus belles, et une fois le boulot presque accompli, il délace le nœud bloquant et observe les graines qui tombent en cascade dans le fond du sac.

 

Bientôt Edwin recommencera le même collier sous le regard  bienveillant de sa maman Maria .

 

L’ensemble de la communauté, avec une attention complice, prend soin d’Edwin qui ne parle pas, mais émet quelques sons que ses proches savent interpréter.

 

Edwin sourit du matin au soir…Sourire éternel !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous n’avons pas mis beaucoup de temps à nous convaincre que c’était bien là qu’il fallait se poser !

 

Noémie et  Florent, un jeune couple rencontré à Quito nous ont tendu la perche :

 

Ils revenaient d’Amazonie, dans l’Oriente  comme disent les Equatoriens.

 

 

Les visites des communautés Indiennes d’Amazonie font l’objet d’un certain engouement que les agences n’hésitent pas à proposer à prix d’or.

 

C’est un commerce comme un autre si chacun y trouve son compte !

 

 

Les "mises en scène" transforment souvent la rencontre avec la Terra Indigena  en théâtre indigeste, proche d'un Dysneyland caricatural.

 

 

Les touristes qui souhaitent s’imprégner de coutumes séculaires en passant une ou deux journées au contact de « pêcheurs, cueilleurs, chasseurs », ces Indiens d’Amazonie autrefois réducteurs de têtes, crachent au bassinet pour vivre le dernier frisson à la mode!

 

 

Souvent déçu de n’avoir pas vu la faune de la forêt Amazonienne, comme promis dans la brochure, le voyageur repart avec quelques piqûres de moustique mais heureux d’avoir bu la chicha en compagnie du chaman de la communauté.

 

 

 

 

« Il n’y a pas d’animaux à voir…mais vous serez au sein d’une authentique communauté, ce sont des Shuars »   

 

 

Ainsi prévenu, nous étions curieux de rencontrer Carlos et sa famille, installés sur les bords du rio Punto courant vers  le Pastaza, un gros fleuve limoneux qui se perd  ensuite en Colombie dans l’immense bassin Amazonien.

 

 

 

 

 

Carlos est le « patron » de cette communauté d’Indiens Shuars.

 

Ils  vivent dans la Selva et partagent ce secteur de forêt amazonienne avec un peu plus de trente communautés Quechuas, ethnie la plus représentée en Equateur.

 

 

Un long tronc de palmier sur le quel une planche est fixée enjambe le rio .

 

 

Pont de fortune menant aux cabanas qui n’est pas simple de passer avec nos sacs sur le dos.

 

Un exercice d’équilibriste pour nous, mais un jeu d’une facilité déconcertante pour les gamins qui franchissent le « pont » en courant !

 

 

 

 

 

 

La vie de la communauté est rythmée par la Selva :

 

Omniprésente forêt équatoriale et véritable refuge de nombreuses communautés amérindiennes qui résistent encore pour préserver leurs traditions tout en s’adaptant à certaines évolutions venues de la ville.

 

 

 

Carlos a eu 14 enfants, quatre sont morts…Sa première épouse Maria est partie rejoindre les dieux de la forêt il y a près de 4 ans je crois .

 

 

Maria était fragile du cœur nous dira Carlos…Et grosse (gorda) ajoute-t-il dans un naturel désarmant.

 

 

 

 Carlos pleure à l’évocation de la femme de sa vie et de la mère de ses si nombreux enfants !

 

Maria née dans la Selva,  souhaitait retourner à la terre mère :

 

Une sépulture de béton protégée d’une tôle ondulée a trouvé sa place derrière les cabanes de la communauté.

 

Carlos ira la rejoindre le moment venu.

 

 

 

 

 

 

Le veuf a depuis fait alliance avec une veuve qui s’appelle également…Maria !

 

Ça ne s’invente pas !

 

 

La nouvelle Maria accompagnée de sa progéniture  a rejoint la communauté. Carlos et Maria n°2  font un beau couple !

 

 

 

 

 

 

 

 

Certains enfants ont quitté la communauté, ils sont devenus professeur, militaire, ingénieur.

 

Ils demeurent à la ville .

 

D’autres ont fait des choix différents:

 

Ils sont restés  dans la forêt à proximité de la cabane communautaire.

 

Ils cultivent le yucca, la patate douce, développent les bananeraies et continuent à pêcher dans le rio.

 

Avec la venue des touristes, Carlos a su saisir l’opportunité d’une activité d’accueil et de découverte de la selva, il enseigne la forêt sous toutes ses richesses.

 

 

Cette façon de faire en indépendant, à l’écart des agences, lui rapporte un peu, et surtout lui  a permis d’assurer une « éducation » à ses enfants sans renier  les principes élémentaires de sa vie dans la jungle amazonienne.

 

 

Il est fier de la « réussite » de ceux de la ville mais demeure admiratif des Bosco, Wilson, Christopher, ces fils qui accompagnent les visiteurs dans la forêt et qui veulent en faire leur « métier ».

 

 

Tous ses enfants portent un prénom « Shuard » mais trop long pour que l’Etat Civil Equatorien les enregistre.

 

Une discrimination silencieuse parmi d'autres que les indiens ne digèrent pas.

 

 

Elles  se nomment Jessica, Eva, Nina, Shirma:

 

Ce sont les filles de la famille qui vont toutes à l’école.

 

 

 

 

 

 

 

Certaines d’entre elles, bientôt femme à 15 ans, songent à un avenir différent et ne sont pas insensibles à facebook qu’elles consultent au collège de la province.

 

 

Loyda, 20 ans, épouse de Wilson,  maman de Nicolas et Bryan, 5 et 3 ans, vit et travaille sur les terres de la communauté.

 

 

Demain, elle  nous accompagnera avec son mari pour nous enseigner la forêt, son abondance et sa générosité.

 

 

Maria allume les bougies pour voler quelques heures à la nuit précoce.

 

Dans la communauté, pas d’électricité, pas d’eau courante mais le rio tout près !

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous la moustiquaire, dans notre cabane, nous nous endormons  aux multiples sons de la selva :

 

Des cigales peut être, des insectes certainement,  et puis les grenouilles !

 

Carlos nous dépose des bottes à la porte de la cabane.

 

C’est pour demain !

 

 

 

 

 

 

 

L’envers du décor :

 

 

La partie la plus occidentale de l'Amazonie se situe en Equateur.

 

 

Elle occupe près de la moitié de la superficie du pays sur sa partie située à l’est mais compte seulement 10% de la population totale de l’Equateur.

 

 

 

Cette région, appelée Oriente, est la plus isolée et la moins peuplée de l'état équatorien mais Kichwas, Shuars, Shiwiars, Huaoranis, Cofans, Secoyas, Sionas, et Achuars sont parmi les groupes ethniques qui y vivent encore.

 

 

 

Ils offrent une valeur culturelle inestimable au pays.

 

 

 

L'Oriente ne paie pas de mine comparé à la superficie forestière totale de l'Amazonie :

 

Cette région ne pèse que 2%. Pourtant, bien des regards se tournent vers cette zone, notamment vers le parc national de Yasuni, une réserve de Biosphère de 9820 km² considérée par les scientifiques comme l'endroit sur terre le plus riche en biodiversité.

 

 

 

Faire un tour en Amazonie permet de rencontrer un de ces peuples qui vivent en harmonie avec leur environnement (utilisation de plantes médicinales, chamanisme, chasse, pêche…)

 

 

Les populations locales ont l’habitude de se déplacer en naviguant sur les  cours d’eau qui relient chaque village.

 

 

Au-delà de ces communautés, la forêt amazonienne abrite une biodiversité exceptionnelle.

 

 

C’est un lieu privilégié pour observer une multitude de plantes, mammifères, amphibiens, reptiles et insectes…

 

 

Mais faut pas rêver :

 

La vie animale s’est retirée vers les profondeurs de la forêt fuyant les humains.

 

 

L’immense Amazonie recouvre quelques 6 millions de km² et concentre plus de la moitié de la superficie mondiale des forêts tropicales.

 

 

L’Amazone et ses affluents cavalent sur plus de 6 000 km .

 

Le Brésil est le plus grand détenteur de ce manteau vert: 

 

Près des deux tiers de la jungle amazonienne lui appartiennent.

 

 

 

Le reste est partagé entre la Bolivie, le Pérou, la Colombie, le Venezuela, la Guyane française, le Guyana, le Surinam et l'Equateur.



09/02/2016
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