Ethiopie 7, Arba Minch et la communauté Dorze.
Éthiopie 7, Arba Minch et la communauté Dorze.
« Les enfants tondus gardent une touffe pour que Dieu puisse les rattraper s’il leur arrivait malheur. »
Retour en Éthiopie, Marc de Gouvenain
…Et dans le coin, le Bon Dieu a du boulot !
Parfaitement alignés devant l’entrée du « Tourist hôtel » une escadrille de 4X4 est parquée dans l’attente d’un départ.
Pour nous qui descendons du bus, ce n’est pas un bon signe, les tours opérateurs ont squatté l’hôtel, tout est complet.
Alors nous traverserons la rue poussiéreuse pour poser nos sacs au « Cairo hôtel », beaucoup moins chic, moins cher, plus bruyant mais bonne literie…suffisant pour deux nuits à Arba Minch, signifiant en Amharique les « quarante sources ».
Comme beaucoup de villes en Éthiopie, pas véritablement de centre. Des églises, des mosquées…et des banques, voilà les trois religions réunies !
Pas de centre-ville, mais un axe principal, mangé par un incessant trafic soulevant une éternelle poussière qui enrobe une urbanisation anarchique faite de bric et de broc.
Une seule couleur, le marron de ces particules en suspension qui se déposent sur les toits de tôles.
Le nez coule, la gorge s’irrite…Bière fraîche dans les jardins du « tourist hôtel », nous avons rendez-vous avec Makonen, un rasta du coin qui appartient à la communauté Dorze.
Il est cool Makonen, offre la bière, parle un anglais excellent et, portable vissé à l’oreille, arrange tout commerce possible avec le touriste de passage.
Derrière les dreadlocks on soupçonne l’homme d’affaire, il faudra donc négocier point par point !
Pour « monter » au village de Chencha en pays Dorze, pas besoin de minibus nous dit-il, ce sera la moto. Plus simple, plus pratique…
Nous serons quatre, deux jeunes de Tel-Aviv nous rejoindrons.
Ces deux-là s’inquiètent de savoir où sont les casques, c’est vrai qu’en Israël, on les habitue tôt à porter le casque ! (humour).
Les motos sont louées, il y a pile poil la quantité d’essence nécessaire pour rejoindre la station qui se trouve en pente douce à la sortie de la ville ; nous terminons en roue libre pour faire le plein : ça c’est de la technologie africaine ! Juste ce qu’il faut et pas plus !
à Chencha c’est jour de marché; rassemblement paysan en pays Dorze, une communauté habile dans les tissages, peut être les meilleurs tisserands du pays.
Bâtisseurs adroits dans l’édification de spectaculaires tukul traditionnelles (huttes), uniques dans leur conception, en forme de ruche pour les plus simples, et pour les plus imposantes, les Dorze érigent de superbes tukul dans un style rappelant le profil de l’éléphant disparu depuis longtemps de cette « Suisse éthiopienne ».
Les Dorze tissent le coton, la fibre de palme, les lanières végétales…
Le village verdoyant est entouré de l’incontournable enset, le faux bananier à partir duquel on extrait de ses larges feuilles la pulpe (amidon) qui après fermentation servira à confectionner une galette que l’on déguste avec du piment ou du miel brut de montagne:
Excellent !
Le faux bananier, c’est « l’arbre à tout faire » :
Les feuilles servent de fourrage pour le bétail, avec les fibres on confectionne cordes et paniers, les palmes sont utilisées comme matériaux de construction, et par-dessus tout, à plus de 2500 mètres d’altitude, l’enset demeure une source d’alimentation essentielle en cas de disette.
Un air de kermesse flotte dans l’air, c’est un genre de pardon comme quand nous étions enfants en Bretagne ; en groupe ils grimpent les pistes pentues qui mènent à l’église, bientôt ils formeront une procession sur la colline.
Le rassemblement impressionne, les « you you » stridents des femmes emplissent l’espace d’une ferveur religieuse :
Bien que nous sommes devant une église orthodoxe, nos compagnons Israéliens reconnaissent les modulations spécifiques des juives séfarades, ici tout est communion et dévotion sans distinction de religion ou de culture.
Moment intense, émotion partagée : il se passe quelque chose sur cette colline, c’est complètement irrationnel, cette ferveur fascine autant qu’elle inquiète !
Le petit diable aussi m'interroge....
Au moment d’enfourcher les motos, l’une d’entre elles ne répond plus:
Il va falloir retourner à l’église pour avoir la bénédiction du Bon Dieu !
Makonen nous l’assure, on va en trouver une nouvelle dans le village et nous voilà à trois sur la bécane valide.
En attendant le nouveau destrier, Marie sort le livre d’Hervé Tullet :
Sur l’herbe tendre les gamins se rassemblent, succès habituel et franche rigolade !
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