Ethiopie 15, Les couleurs du Danakil...
Ethiopie 15, les couleurs du Danakil…
« Je t’accepte chez moi comme un frère, mais je n’accepte pas que tu remettes mon autorité en cause »
Proverbe Afar.
Première nuit à Mamed Ela, village Afar à quelques encablures du lac Assalé ;
couchage sommaire sur des sommiers de cordes tressées mais sous la voûte étoilée…
Alors aucune raison de se plaindre !
Pour les besoins naturels, chacun se débrouille, lampe frontale et grosse roche pour abriter ses fesses et ça fait l’affaire !
Je n’ai pas oublié les consignes de l’ascension du Kilimandjaro, avec un briquet on brûle le papier, c’est mieux !
Le petit déjeuner, excellent, est préparé par le cuisinier du groupe qui commence à taper dans les gamelles dès quatre heures du matin.
L’excédent, (galettes, œufs brouillés, fruits…) est partagé avec les Afars du village.
On lève le camp peu après l’aube. En route pour Berahile.
Le village de Berahile constitue une courte étape sur la route du Danakil.
Au pied des hauts plateaux de l’Afar, les camions, bus et 4X4 font l’arrêt dans la bourgade, moment de détente avant d’affronter le désert, c’est l’occasion de savourer le rituel du café.
A l’heure de la pause Marie se rapproche du fusil…
Moi, honnêtement je préfère le café !
Toujours servi avec beaucoup de délicatesse et parfois un surprenant accès de tendresse l’accompagne !
Le village, poussiéreux, abrite des camps de réfugiés érythréens, espace quadrillé de baraquements couverts avec les bâches du HCR.
Le ruban bitumé continue sur Djibouti et traverse des reliefs saisissants.
La magie des couleurs du Danakil, spectaculaire œuvre d’art, ne cesse de surprendre le voyageur.
…Merveille naturelle, décor de théâtre, horizon irréel, saturation des couleurs qui font du Danakil un endroit (presque) unique au monde !
Les 4X4 prennent la route en convoi pour des raisons de sécurité évidentes.
Jaune ocre :
la couleur du désert qui mène au Dallol dans le Danakil, pistes sableuses, huttes empoussiérées, troupeaux de dromadaires navigants dans un voile de sable soulevé par le vent.
Et puis, la piste se durcit, nous approchons la dépression du Dallol, un environnement étrange, presqu’irréel.
Sous un soleil dévastateur, une odeur de soufre annonce les sources chaudes et les lacs huileux…
Jaune vif, ocre rouge, vert émeraude, blanc laiteux : la couleur du Dallol !
Féerie des couleurs sur ce plateau minéral balayé par le vent ; des dômes de sel, des sources chaudes, du sodium pétrifié par le temps qui tapisse des étendues pareil à un champ de nénuphars laiteux.
Le site est extraordinaire :
Les dépôts salins se parent de teintes vives, du rouge soutenu au jaune intense avec d‘innombrables nuances de vert et de blanc.
L’interaction entre volcanisme et hydrologie produit cet étrange paysage.
Un monde de sel, de sources riches en minéraux.
Et le vent, chaud, qui érode et sculpte des cheminées de fée de plusieurs dizaines de mètres de hauteur !
« C’est un peu la lune ici, non ? » me dit mon compagnon Japonais.
Une étrange atmosphère se dégage de ce spectacle, c’est une fantaisie de couleurs issue d’une poche magmatique bouillonnante à 2000 mètres de profondeur en interaction avec l’eau salée de la Mer Rouge.
Ce site d’exception serait menacé :
Une autorisation d’exploitation de la potasse a été accordée à une société canado-norvégienne. L’extraction à grande échelle pourrait affecter durablement le fonctionnement hydrothermal du Dallol.
Avec le partenariat de la région voisine où ont été découverts de très vieux hominidés dont « Lucy », des négociations seraient en cours pour trouver une alternative raisonnable, basée sur un tourisme écologique et culturel garantissant une source potentielle de profits durables.
La visite s’effectue en toute tranquillité, encadrée par guides et « scouts » armés, la frontière érythréenne étant toute proche.
Nous formons un petit groupe d’une quinzaine, c’est agréable, on ne se bouscule pas !
Tout le monde communique en anglais dans cette petite communauté internationale.
Nous avons l’âge d’être leurs parents à tous, ça nous fait du bien, impossible de s’encroûter avec cette jeunesse enthousiaste !
Présentation :
Après une nuit en guesthouse à Abaala, notre petite troupe prendra la route de la « montagne qui fume », c’est ainsi que les Afars désignent depuis des lustres le volcan Erta Ale.
Le village d'Abaala:
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