Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

La Highway 61, la route du Blues...

La Highway 61, la route du Blues…

 

« Like a rolling stone… » Bob Dylan.

 

« Il y a longtemps sur des guitares

Des mains noires lui donnaient le jour

Pour chanter les peines et les espoirs

Pour chanter Dieu et puis l’amour… » Johnny Halliday.

 

Le bitume est crevassé ; Par endroit l’herbe folle s’infiltre dans la craquelure du goudron qui fond sous le soleil du Mississippi. Ça ne fait pas riche ici, au bord du fleuve…

 

On soupçonne une vie ancienne… Une certaine effervescence commerçante a dû autrefois s’emparer de ces rues aujourd’hui trop désertes. Derrière des vitrines miteusement voilées de rideaux jaunis, les échoppes ont renoncé au négoce, la vie s’en est allée ailleurs.

 

La voie de chemin de fer écarte la ville en deux, les trains se font rares mais la gare a été miraculeusement rénovée pour en faire un beau musée en hommage au Blues.

 

Sur les bords du Mississippi, s’installera une histoire d’amour entre les rails ondulant de chaleur, la route 61, et les accords plaintifs des guitares qui se perdent vers  le nord…

 

Nous sommes à Clarksdale, au carrefour mythique des routes 49 et 61…

 

À cette croisée des chemins, à la nuit tombante, un jour de 1937, Robert Johnson assis sur sa valise, espère qu’une voiture va le tirer de ce trou pour l’emmener vers le nord….Le Bluesman composera peu après « Crossroads ». Selon la légende, ce soir là, il vendit son âme au diable en échange du succès à venir… « Crossroad blues » sera par la suite repris par un grand nombre d’interprètes (Hendrix, The Doors, Dylan…)

 

La Highway 61, c’est aussi le titre d’un célèbre album de Bob Dylan. Cette route escorte le Mississippi depuis  la Nouvelle Orléans jusqu’au Nord du pays et  la frontière Canadienne.

 

Bob Dylan en a fait un symbole de liberté.

 

Naissant au sud dans le delta, là où l’esclavage, la ségrégation et la misère ont durablement marqué  les corps et les esprits, la route 61 a vu ces ouvriers, vagabonds et musiciens fuir la discrimination avec l’espoir d’un avenir meilleur dans les villes industrieuses du nord.

 

La route 61 chante la complainte du blues ; Elle résonne des lamentations des  «coton pickers », elle accompagne l’émergence des mouvements des droits civiques et trace sur son passage l’histoire de la minorité Noire des États-Unis.

 

Le Blues tire sa substance de cette souffrance, de l’oppression de ces hommes et femmes réduits à l’état d’outils…Pour tromper la douleur de la vie, les ouvriers agricoles prirent l’habitude de transformer une pièce de leur baraque en « juke joint », bistrot illégal, où on grattait les guitares : c’est au milieu des champs de cannes et de coton qu’est né le Blues et non pas à Chicago comme certains le pensent.

La route 61 conduira  cette musique Noire au bord des Grands Lacs, dans l’Illinois.

 

De Francisville au casino de Vicksburg, de Natchez à Clarksdale  en passant par Leland, nous avons sillonné le Mississippi sur les traces  des bluesmen et des  chanteuses du sud.

L’arrêt à Vicksburg nous permettra la visite du premier lieu d’embouteillage du Coca Cola : c’est dans cette ville que l’on commercialisa pour la première fois la boisson gazeuse en bouteille…Les fontaines à Coca allaient progressivement disparaitre au profit de la petite bouteille de verre…

 

Le « Delta Blues Museum » de Clarksdale rapporte avec respect cette touchante aventure des musiciens du delta ; Parmi les incontournables noms liés à la ville, certains ont obtenu une reconnaissance internationale : Son House, John Lee Hooker, Ike Turner et bien sûr Muddy Waters.

Le groupe « ZZ Top »  prit une part très active dans le développement du musée : le guitariste Billy Gibbons fit démonter la cabane de bois dans la quelle vécut Muddy Waters pour pouvoir la préserver en l’exposant au musée.

 

En quittant le musée, pour se replonger dans l’atmosphère des « Juke Joints », il suffit de traverser la rue et pousser  la lourde porte du bar restaurant « Ground Zéro ». Les murs et les tables sont constellés de signatures, de poèmes et de graffitis…Le bar est un haut lieu de la musique Blues…on y sert de la bonne bière, le patron n’est pas souvent présent mais tout le monde le connait, c‘est Morgan Freeman.

  

Les villages déglingués des rives du fleuve conservent encore quelques musées rendant hommage à cet épisode de l’histoire américaine…

 

 

Sur la route 61, de nombreux bars chantent toujours le Blues… Tant mieux !

 

 



02/09/2013
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