Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Viet Nam 5, Du bois noir de Hoi An au sable blanc de Nha Trang

 Du bois noir de Hoi An au sable blanc de Nha Trang…

 

C’est un bois noir solide, destiné à défier le temps ; Un bois bien travaillé qui a traversé les siècles, les révolutions et les guerres.

 

Un bois noir ouvragé à la hauteur des riches familles de commerçants Chinois venus s’ancrer dans ce port naturel.

 

Le cœur de la vieille ville de Hoi An est quasi inchangé depuis le XVIIe siècle.

 

Hoi An est un musée en plein air qui sent le port de pêche, la mer toute proche et l’ambre solaire des touristes.

 

Bien après les marchands d’Asie, Hollandais et Portugais ont amarré leurs navires le temps d’une escale sur la route de l’extrême Orient.

 

Le commerce fût longtemps florissant sur les berges de la rivière Thu Bon. Au fil du temps la rivière s’ensabla, privant ainsi les marins de l’océan d’un abri dans les terres.

Le commerce périclita, les demeures de bois noir  résistèrent à l’abandon.

 

Seuls les sampans ont continué à honorer les façades jaunes des maisons aux toits de tuiles habilement enchevêtrées :

une rangée convexe chevauche la première pose concave, façon « ying » et « yang », assurant une parfaite étanchéité.

 

La glisse d’une barque silencieuse, ondulant un moment le reflet de ces somptueuses toitures, aura un court instant troublé les eaux calmes de la rivière.

 

Aujourd’hui ce sont les touristes qui déambulent dans les rues étroites de Hoi An.

Si  les marchands du temple ont envahit la belle cité, ils ont conservé le respect architectural pour ne pas défigurer le caractère du passé.

Par obligation sans doute, puisque l’Unesco a classé le site  en 1999.

 

La guerre du Viet Nam aura épargné cette ville envoutante ; Un accord tacite semble avoir été observé par les deux camps.

Aucune bombe n’est venu éclater les superbes toitures de tuiles de ces robustes maisons de maîtres.

 

On pourra regretter le nombre sans cesse croissant des commerces à babioles où s’engouffrent les Chinois et le reste du monde, rançon du tourisme de masse probablement, mais on peut toujours dénicher une jolie table au bord de l’eau pour ignorer la foule et rêver à l’agitation d’autrefois qui anima l’ancienne cité adorée des Français d’Indochine !

 

Hoi An, secrète à l’aube, romantique au soleil couchant, retient aisément l’amateur du métissage culturel.

 

Mais le charme de la ville de pêcheurs est précaire.

Il se fragilise chaque jour un peu plus devant le grand nombre d’appareils photos qui débarquent au pied de son  pont de bois Japonais, symbole du passé prestigieux du comptoir asiatique.

 

Si Hoi An hésite autour d’un avenir incertain, il en n’est pas de même pour Nha Trang qui s’est largement ouverte au business en tout genre pour occidentaux en quête de « sea, sex and sun ».

Passage « obligé » sur la route du sud, l’arrêt sur les plages démesurées de Nha Trang  est devenu pratiquement incontournable dans un « circuit » du littoral Vietnamien.

 

Certains snoberont Nha Trang pour préférer Mui Né, une station balnéaire plus au Sud, mais l’engouement que suscite le tourisme dans cette nostalgique Indochine a fait de Mui Né une ville qui maintenant aussi reproduit les « maladresses » des destinations trop « branchées ».

 

Nha Trang, c’est la plage qui s’étire sur des kilomètres ;

Des hôtels, des clubs, des instituts de massage, des bars et des restaurants à plusieurs étages où la carte est composée en cyrillique pour les nombreux Russes, qui venus en goguette, semblent avoir ici établi leur nouvel éden.

 

La station balnéaire bouillonne tard dans la nuit.

 

Revers de la médaille, dans un Viet Nam qui s’enfonce dans une crise économique sans précédent, la ville capte tout le lot de misère habituelle des laissés pour compte.

 

Les prostituées commercent dans ce pays « communiste » ouvert au « marché », les petits vendeurs dorment sur le trottoir, les cuisines ambulantes se disputent les espaces où la vie devient tous les jours un peu plus difficile.

Effondrement de la croissance, ruine des petits actionnaires qui ont cru au miracle capitaliste, corruption généralisée, taux d’inflation qui frôle les 20% (chiffres 2011) et un Dong dévalué quatre fois en quinze mois ont achevé  de miner la confiance des Vietnamiens.

 

Avec un régime corrompu au plus haut niveau qui a l’art de cultiver l’opacité, le pousseur de charrette et le conducteur de vélo-taxi ne connaissent pas la vie douce des touristes de Nha Trang qui brûlent sur le sable blanc.

Mais ces " laissés pour compte " n’ignorent rien de la valeur du billet vert.

 

En un saut de scooter sur la magnifique route en corniche qui longe l’océan, le paradis existe :

Les Vietnamiens ne s’y trompent pas, ils s’éloignent des plages de la ville colonisées par les occidentaux ;

Le week-end, c’est en famille qu’ils organisent leur journée sur de superbes plages où de vastes cabanes en bambou bâchées assurent une authentique restauration les pieds dans l’eau.

L’ambiance est surprenante et les rares touristes qui s’aventurent sur ce sable chaud ne le regrettent pas.

 

On ne quitte pas Nha Trang sans expérimenter le populaire bain de boues minérales.

La station thermale est nichée dans un cadre verdoyant au nord de la ville, une forte odeur de souffre se dégage des eaux.

Du bain de boues argileuses aux puissants jets d’eau chaude, le corps se détend avant de plonger dans une piscine relaxante.

 

Dehors les taxi-vélos attendent les touristes pour les acheminer vers les meilleures tables de la ville.

Le vent de l’océan s’est apaisé, la nuit colore en bleu les cocotiers de la promenade du boulevard Tran Phu.

Sur la plage de sable blanc de Nha Trang, une vieille femme, courbée, collecte les bouteilles plastiques oubliées ; elle ira les vendre au poids et pourra s’acheter les brisures de riz, le prix du bon grain devenant inaccessible pour l’ancêtre.   

 

 

 



27/02/2013
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