39, Chili, Chiloé : Dans l'archipel, la ronde des chapelles !
Chili, Chiloé : Dans l’archipel, la ronde des chapelles !
…Ou la tournée des églises, c’est comme on veut !
« Quand l'hiver s'achève, des centaines de Chilotes (habitants de l'île chilienne de Chiloé) se rendent à Puerto Natales, traversent la frontière et prennent le train pour rejoindre les estancias d'élevages.
Ce sont des hommes robustes qui, las de la pauvreté insulaire et de la proverbiale dureté de caractère des femmes chilotes, s'en vont chercher fortune sur le continent.
Des hommes robustes mais à la vie courte. »
Luis Sepulvèda : « Le neveu d’Amérique »
Chiloé n’est pas une île mais un archipel !
Un archipel bousculé par les vents de la Patagonie du nord.
Une trentaine d’îles, des baraques sur pilotis solidement ancrées, des marins, des légendes, des mythes et des mensonges... Et des églises en bois.
« Isla Grande de Chiloé », la cinquième plus grande île d’Amérique du Sud, d’une taille voisine de la Corse, souvent perdue dans des brumes tenaces, attire les voyageurs par ses paysages tantôt sombres, tantôt verdoyants mais toujours auréolés de lumières marines qui ne sont pas sans rappeler la Bretagne (avis perso !)
"Depuis Vancouver, à l'extrême nord du Pacifique, il n'est pas de mer intérieure plus belle et plus paisible que celle de l'archipel de Chiloé.
Les îles s'y égrènent comme les perles d'un collier et la plus grande d'entre elles, qui donne son nom à la région, est un long bastion élevé qui protège ses petites soeurs des fureurs de l'océan.
Francisco Coloane :
" Le sillage de la baleine." ( Avril 2000 )
Cabanes sur pilotis et églises en bois ont rendu La grande île de Chiloé populaire.
Parmi plus de cent cinquante églises plantées sur ce chapelet d’îles, l’UNESCO a fait le choix de classer seize d’entre elles (les églises, pas les îles !) pour leur étonnante architecture utilisant uniquement le bois local.
Ces églises témoignent de la volonté des missionnaires jésuites d’évangéliser ces contrées isolées et difficiles d’accès.
Pour préserver l’âme de ces peuples « sauvages », adeptes de sorcellerie et de mythologie indienne, le conquérant espagnol débarqua sur ces lointains rivages, mal connus, le crucifix planté droit sur la poupe du navire !
Chiloé peut séduire autant que décevoir :
Le charme de ses baraques colorées, sa « gastronomie » entre terre et mer, son rythme lent et ses criques malmenées par l'océan, sauront accrocher le visiteur.
En revanche, dans cet univers mangé par des rouleaux d’écume, dans ce monde à part métissé entre Amérindiens et descendants Espagnols, l’authenticité en prend un coup.
Les marchands du temple se sont installés, ils ne sont pas Chilotes, mais savent faire tourner le tiroir-caisse.
Deux « villes » permettent de se poser sur la grande île et ainsi donnent un aperçu de ce territoire flottant sur les eaux du Pacifique.
Au nord, Ancud :
On en fait vite le tour, on peut s’attarder sur son front de mer ou s’attabler dans un restaurant sans prétention qui propose le « curanto », un plat local associant porc fumé, poulet, palourdes géantes, moules de belle taille, pommes de terre, et boudin de farine brune plongé dans un consommé de « verduras » très goûteux.
Un petit air breton de « kig-ha-farz » à n’en pas douter !
Autrefois, cuit doucement à l’étouffé sur des galets chauffés à blanc dans des fours creusés dans le sol,
le « curanto », vous l’aurez compris, s’adresse à des mangeurs costauds !
Plus au Sud, La plus grande ville de l’archipel, Castro :
Vivante, bruyante, perchée sur ses rues pentues qui tombent dans le port, idéalement située pour « explorer » la grande île dans son ensemble, Castro offre aussi de nombreuses possibilités de découvertes des îles environnantes.
C’est l’occasion d’aller à la rencontre de ces églises de bois qui poussent sur de petites îles plus confidentielles et moins courues.
Construites par les Chilotes, les églises dressent leur clocher d’écailles de bois qui, dit-on, servaient de repères pour les pêcheurs.
Les plus anciennes datent du XVIIe siècle.
Elles ont résisté aux rudes conditions climatiques de l’archipel, mais tremblements de terre et incendies n’ont pas épargné ce riche et spectaculaire patrimoine.
Particularité des églises en bois de Chiloé :
il n’est pas possible d’y brûler un cierge…Vous savez pourquoi ?
L’envers du décor :
Le Chili est le troisième producteur mondial du saumon d’élevage.
L’élevage du saumon à l’échelle industrielle se concentre en Patagonie, et l’archipel de Chiloé n’échappe pas à cette désastreuse colonisation.
Depuis 2008 cette production intensive est sous le feu des critiques et le gouvernement est accusé de tolérance excessive vis-à-vis des méga entreprises étrangères qui contournent les lois environnementales déjà laxistes.
Les fermes sous-marines du Chili « autorisent » jusqu'à 200.000 saumons entassés dans une seule cage, deux fois le taux de chargement permis en Europe.
Lors de notre visite sur l’île Lemuy, nous avons constaté combien les élevages sont touche-touche.
Alimentés par une noria de camions qui délivrent de lourds sacs de farine additionnés d'antibiotiques, les parcs à saumon ont déjà subi de fortes mortalités.
« Devant les plages de Playa Grande de Cucao, Huentemó et Chanquín, dans l'archipel de Chiloé, dérivaient des bandes de colonies d'algues, de couleur rouge, jusqu'à 5 km de large.
Sur le bord des bandes, les crabes et crustacés morts indiquaient la contamination massive liée à un empoisonnement ».
Avril 2016, Frederico Füllgraf, Journaliste et écrivain.
(*) Voir en fin d'article le billet de l'AFP relayé par Ouest-France en date du 20 juillet 2018.
À proximité immédiate des cages à saumon, on élève également des moules, non pas sur bouchots comme en Bretagne mais sur cordes.
La production de palourdes en filet plastique se fait dans le même environnement.
Ce jour-là, dans un restaurant familial bien sympathique qui mettait en avant le saumon fumé, nous avons préféré opter pour l’agneau à la broche !
Conseils aux voyageurs :
Du Terminal Puerto Montt à Ancud ou Castro, un bus toutes les demi-heures, traversée sur le ferry incluse dans le prix du billet.
L’offre de visites sur " la ruta de las iglesias " à Castro est pléthorique.
Nous avons choisi un tour que nous avons bien apprécié.
« Tour Isla Lemuy » sur l’île Lemuy.
25000 pesos/personne (30 Euros) :
De 10 h à 20 h, transport, ferry, passage au "musée de l'accordéon":
(nous avons eu le droit à "La foule" d'Angel Cabral popularisé en France par Edith Piaf)
Visite des chapelles, excellent repas vers 13 h (assado d’agneau ou…saumon. Plat végétarien à la demande)
Le tout servi très généreusement ! C’est la tradition si on en croit Sepulvèda :
« Bruce s'arrêta à Cucao, sur la côte orientale de l'île de Chiloé. Il avait une faim de loup depuis plusieurs jours et désirait manger sans toutefois se remplir exagérément la panse.
- S'il vous plait, je voudrais manger quelque chose de léger, demanda-t-il au garçon du restaurant.
On lui servit un demi gigot d'agneau grillé et lorsqu'il répéta qu'il voulait manger quelque chose de léger, il reçut une de ces réponses qui laissent sans voix :
- C'était un agneau très maigre, Monsieur, vous n'en trouverez pas de plus léger dans toute l'île. »
Luis Sepulvèda : « Le neveu d’Amérique »
Au « Terminal de bus rural », possibilité d’organiser soi-même une tournée des églises dans les environs de Castro sans passer par une agence.
C’est simple et pratique, on règle chaque parcours au chauffeur qui délaisse le carnet à souche, donc n’attendez pas de tickets en retour de votre monnaie!
Chiloé, là où est né Francisco Coloane, mérite bien entendu beaucoup plus qu’un bref passage.
Pour ceux qui disposent d’un temps limité, il est toujours possible de se plonger dans les romans de David Lefèvre (Merci Jocelyne !) :
« Après avoir parcouru le monde, l'écrivain explorateur David Lefèvre s'est posé à Chiloé pour une aventure intérieure.
Au fond de sa cabane sont nées les Solitudes australes, une ode à la nature chilote et à la frugalité.
Il confie qu'ici il a trouvé la force de la Bretagne d'il y a deux générations, avec des hommes qui vivent entre leur lopin de terre et la mer. »
Editions Transboréal.
La participation de David Lefèvre est annoncée au prochain festival international du film et du livre « Étonnants voyageurs » à Saint Malo qui aura lieu le 30, 31 Mai & 1er Juin 2020 ( information à vérifier).
(*) Article Agence France Presse:
Ouest-France avec l'AFP
Publié le 20/07/2018 à 05h23
Le Chili a réclamé mercredi la fermeture d’une ferme d’élevage de saumons dans le sud du pays, d’où se sont échappés quelque 690 000 poissons traités avec des antibiotiques impropres à la consommation humaine et qui pourraient provoquer de graves dégâts environnementaux.
Les dix cages de confinement dans lesquelles se trouvaient les poissons et d’où ils se sont échappés, avaient été lourdement endommagées par le passage d’une violente tempête, le 5 juillet, sur le littoral de la région de Los Lagos (à environ mille kilomètres au sud de Santiago), où se situe la ferme d’élevage Punta Redonda, qui appartient à la multinationale norvégienne Marine Harvest, le plus gros producteur de saumons d’élevage au monde.
La Superintendence de l’Environnement (SMA) a demandé mercredi une « mesure urgente et temporaire » au tribunal environnemental de Valvidia (sud), afin qu’il ordonne :
« l’arrêt de l’exploitation du centre d’engraissement de saumons dont le propriétaire est Marine Harvest Chile S.A., pour une durée de 30 jours civils, à titre exclusivement préventif ».
5,7 % des saumons ont été récupérés selon Marine Harvest.
Le tribunal a réclamé « quelques clarifications » à la SMA avant de prendre une décision, a affirmé jeudi à l’AFP une source judiciaire qui a souhaité rester anonyme.
La justice environnementale chilienne peut imposer des sanctions allant jusqu’à 7 millions de dollars et la fermeture définitive du centre.
De son côté, le Service national de la pêche et de l’aquaculture (Sernapesca), un organisme public chilien, a déposé une plainte devant la SMA contre Marine Harvest « pour de possibles manquements dans l’entretien et la sécurité » de la ferme d’élevage Punta Redonda.
Marine Harvest a annoncé que 5,7 % du total des saumons avaient été récupérés mercredi, une opération menée sous la supervision de Sernapesca, de la Marine et de la police chilienne.
La Loi générale sur la pêche et l’aquaculture prévoit une période de trente jours pour que l’entreprise puisse recapturer au moins 10 % des poissons échappés, faute de quoi l’existence de dégâts sur l’environnement sera présumée.
Les poissons pourraient provoquer des réactions importantes.
Pour le gouvernement chilien et les organisations de défense de l’environnement, la fuite des poissons constitue un événement grave et sans précédent, les saumons ayant été traités au Florfenicol, un antibiotique à usage exclusivement vétérinaire, contre-indiqué pour la consommation humaine.
Les poissons sont susceptibles de « contenir des résidus d’antibiotiques », qui pourraient provoquer des réactions importantes chez les personnes allergiques à ces médicaments, a affirmé la SMA.
Les conséquences sur l’environnement pourraient également être lourdes, affectant notamment l’écosystème et les espèces marines indigènes, ainsi que le retour à la vie sauvage des saumons échappés, susceptibles de transmettre des germes pathogènes et des maladies à d’autres espèces.
Selon la SMA, les saumons qui ont pris le large appartiennent à une espèce invasive et prédatrice, qui peut modifier directement ou indirectement, et de manière permanente, l’équilibre de la biodiversité marine.
L’industrie salmonicole chilienne, la deuxième plus importante du monde après celle de la Norvège, a également connu ces dernières années plusieurs épisodes importants de mortalité dus à la prolifération d’algues qui asphyxient les poissons.
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