43, Chili, Santiago, Une histoire de bâtard !
Chili, Santiago, Une histoire de bâtard !
« Change de ciel, tu changeras d'étoiles. » Proverbe chilien.
On connaît mal ses origines. Avec d’autres, Il errait dans les rues de Santiago.
C’est un sans grade, un laissé pour compte qui s’est nourri aux gamelles déposées sur les trottoirs.
Il est noir, porte au cou un foulard souvent de couleur rouge et si on en croit son profil « facebook », on le dit vif est intelligent.
Il est également adepte du « tweet » et annonce régulièrement les rassemblements populaires.
C’est un bâtard qui s’est fait un nom qui maintenant dépasse les limites du Chili.
Le plus extraordinaire, c’est qu’après son décès le 26 août 2017, il reste actif sur les réseaux sociaux et semble encore plus vivant que mort !
C’est un corniaud qui a pris du volume !
On écoute ses analyses dans un pays où la liberté de la presse écrite et audio est muselée.
Son nom n’est pas très délicat à l’encontre des forces de l’ordre ;
Les Chiliens l’ont baptisé « Negro Matapacos » :
« tueur de flics ».
Son histoire débute durant la contestation universitaire en 2011, les étudiants d’alors se mobilisent pour réclamer un système éducatif gratuit et de qualité.
Les protestataires remarquent qu’un chien noir les accompagne très souvent dans les cortèges, aboyant contre les uniformes et s’accrochant parfois aux mollets lourdement protégés des « carabineros ».
« Negro Matapacos », chien des rues, gagnera son nom !
Sa popularité deviendra un symbole fort de la rébellion contre l’autorité.
T-shirts, sacs en toile, affiches, graffitis et tags exposent le chien noir et popularisent la contestation engagée depuis octobre dernier.
En nous rendant au centre culturel « Gabriela Mistral », édifice moderne destiné à la création artistique (Théâtre, danse, musique…)
nous rencontrons Hernández et Inès, couple chilien vivant en région Parisienne.
Avec leur bébé, au lendemain du coup d’état, Ils quittent Santiago en 1973.
Deux autres enfants verront le jour en France.
Hernández a la double nationalité, Inès va en faire la demande car venant régulièrement dans leur pays d’origine :
« …On ne sait jamais, ici, ce qui peut se passer ! le passeport français me protégera. »
« Je fais confiance à cette nouvelle génération…Nous, nous avions peur en 73, les jeunes ici ils n’ont plus peur… » ajoute Hernández.
Au pied d’une façade placardée d’affiches du centre « Gabriela Mistral », un pot de peinture à l’eau est à disposition des passants :
Nous sommes invités à déposer l’empreinte de nos mains en signe de solidarité avec la demande de changement de constitution.
Une demande qui n’est pas gagnée d’avance.
Gabriela Mistral, diplomate, féministe et aussi première femme poète à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature en 1945, a aussi un bel espace dédié à son œuvre à la Biblioteca Nacional de Chile.
L’édifice datant de 1925, planté au cœur de la capitale, encerclé de tours du XXI éme siècle, mérite la visite.
Aux alentours de la Bibliothèque Nationale, un centre aseptisé et des banques barricadées de tôles...
La capitale a su conserver quelques beaux exemples d’architecture métallique du style « Eiffel » :
La gare Alameda par exemple mais surtout le marché central.
Ancien hall d’exposition datant de 1872, le mercado central abrite aujourd’hui un important marché à poissons et fruits de mer.
C’est le lieu pour faire le choix parmi une trentaine de restaurants pour déguster ceviche ou poissons grillés.
Il nous interpelle dans un français parfait, inutile d’aller plus loin, c’est ici la meilleure table du marché !
Il est Haïtien, il se nomme Jeff et fait partie de ces nombreuses communautés « installées » à Santiago.
Haïtiens, Colombiens, Vénézuéliens, Péruviens… ont débarqué dans un Chili qu’ils jugés stable.
Jeff nous fait part de ses doutes sur la suite des événements et confirme les propos d’Inès.
Epicentre de ce séisme social qui agite le pays, Plaza Italia :
Renommée par les manifestants Plaza de la Dignidad, cet immense carrefour porte les marques du conflit en cours.
Nul ne sait combien de temps l’empoignade va durer.
Jeunes lycéennes entourant "Matapacos":
Nous souhaitions visiter la fondation Allende, fermée actuellement pour travaux.
Nous serons de retour à Santiago début avril, en principe ce sera ouvert.
Après huit jours passés à Santiago, une ville qu'on a beaucoup aimée...
...un saut de bus va nous conduire au bord du Pacifique, demain nous serons à Valparaiso.
Santiago est inondée de slogans , certaines formules sont particulièrement fortes:
" Nous sommes les petits-enfants des travailleurs que vous ne pouviez pas tuer "
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