Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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3, Argentine, Buenos Aires, La Recoleta.

 3, Argentine, Buenos Aires, La Recoleta

 

 

          

« Don’t cry for me Argentina »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Buenos Aires a la particularité de s’étendre comme de la confiture sur une tartine, ce n’est pas une ville verticale.

 

 

 Bien sûr quelques buildings surgissent et pointent vers le ciel, mais avant tout la cité semble plate et très facile à appréhender pour le marcheur.

 

 

Les rues de Buenos Aires ont été tracées sur un calque de papier millimétré, c’est un quadrillage quasiment parfait qui facilite grandement l’orientation.

 

 

 

Ce matin, un faible crachin fait miroiter les trottoirs de la ville ; Nous quittons notre auberge de la rue Viamonte pour tranquillement aller rendre visite aux morts.

 

Il y a le Père Lachaise à Paris, ici à Buenos Aires c’est Le cementerio de la Recoleta qui attire les visiteurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus qu’un simple cimetière, pour certains il incarne une œuvre d’art, un genre de musée en plein air pour amateurs d’architecture religieuse qui associe sans souci le baroque, le modernisme et aussi le mauvais goût (avis perso !)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Premier cimetière construit à Buenos Aires (1822), il loge environ 6000 sépultures.

 

 

Des grands personnages de l’histoire Argentine y reposent nous dit-on, on le croit volontiers, mais notre visite est d’avantage motivée par une sépulture particulière.

 

Et c’est bien comme ça, les cimetières sont toujours reposants !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Sur le fronton de marbre blanc du portail d’entrée, deux locutions latines sont inscrites, l’une que les vivants adressent à ceux qui, allongés, ont cessé de vivre (Repose en paix), et de l’autre côté une pensée que les morts adressent à ceux qui tiennent encore debout :

 

 

 

« Nous attendons le seigneur »

 

Nous ne contestons pas l’affaire, mais nous attendons peu de chose de ce côté-là !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous débutons notre parcours par la visite de la Basilique Notre Dame du Pilar attenante au cimetière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 On tombe en plein dans la grande lessive !

 

 

 

Un chico armé d’une raclette lave à grande eau les dalles de la nef : ça sent le propre, l’Eglise Argentine aurait-elle des péchés à effacer ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je consulte le plan d’entrée indiquant les patronymes des illustres familles qui ont fait le choix de La Recoleta et à la lettre P je ne trouve pas ce que je cherche.

 

 

 

Un gardien m’avisera : « No, señor, no es P, es D como Duarte ! »

 

 

 

 

Après c’est simple, il suffit de suivre la troupe qui se rend sur la tombe de la famille Duarte, c’est ici que l’icône Eva Perón repose.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Eva Perón, la Madone Argentine!

 

Petit condensé à ma sauce sur une légende.

 

 Les férus d’histoire corrigeront les approximations, merci !

 

A lire au calme en écoutant Madonna :

 

« Don’t cry for me Argentina »

 

Elle deviendra la première dame d’Argentine. Son enfance est bousculée par les humiliations et la misère.

 

 

 Sa maman est cuisinière chez un riche éleveur, Juan Duarte, qui a déjà femme et enfants.

 

Ce patron qui aime caresser le cul des vaches rode souvent en cuisine…

 

Ainsi naîtra le 7 mai 1919 celle qui deviendra la Madone Argentine.

 

 

Eva est une bâtarde elle le sait. Elle souffre de voir sa mère traitée de dévergondée. Sur les bancs de l’école, la gamine révèle un intérêt particulier pour les matières artistiques et littéraires.

 

 

 

“Je me marierai avec un prince ou un président” se plaisait à dire la petite Maria Eva.

 

 

Son père, Juan Duarte meurt dans un accident de voiture.  La mère d’Eva se retrouve démunie. La famille légitime leur interdit l’accès aux funérailles et les humilie publiquement.

 

 

Eva a six ans quand elle comprend l’injustice et la différence.

 

 

 

Plus tard, dans un discours elle déclarera :

 

 “Aujourd’hui, chaque injustice blesse mon cœur comme si on y enfonçait un clou, car dans ma vie, chaque âge m’a déchirée au plus profond de moi-même”.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Eva a quinze ans quand elle quitte la campagne pour Buenos Aires. Elle veut devenir actrice, le cinéma c’est sa passion.

 

 

Mais sans argent, c’est le froid et la faim qui torturent l’adolescente qui maraude aux portes des théâtres.

 

Eva est une battante, elle persévère et finalement décroche de petits rôles.

 

 

On remarque sa facilité pour la prise de parole, sa beauté ne laisse pas indifférent :

 

Eva est engagée à la radio où son talent de présentatrice éclate au grand jour.

 

 

 Elle va pouvoir vivre de son travail, le succès se dessine, le programme de radio-théâtre fera d’Eva une vedette adulée du public.

 

 

Fondatrice du premier syndicat des employés de radio, Eva tournera dans plusieurs films et deviendra une des actrices les plus en vue d’Argentine.

 

 

 

 

En 1943 elle s’engage aux côtés des ouvriers dans le militantisme syndical.

 

 

Un violent séisme secoue la région de San Juan, Eva organise une vente de charité au profit des victimes.

 

C’est à cette occasion qu’elle rencontre le colonel Juan Perón; Tremblement de terre dans la vie d’Eva qui lui déclare d’emblée :

 

 

“Si comme vous l’affirmez, la cause du peuple est votre cause, alors je resterai à vos côtés jusqu’au bout de mes forces.”

 

 

 Le militaire est séduit, Juan Perón est conquis. Les noces sont célébrées le 21 octobre 1945.

 

L’histoire est en marche, la légende peut commencer !

 

 

 

Dans une Argentine déchirée par la lutte des classes et la corruption, Juan Perón se présente aux élections présidentielles, Eva s’engage à ses côtés.

 

 

C’est une fille de la campagne venue de nulle part qui enchaîne les discours à la radio.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est une bâtarde qui accompagne son mari et exhorte les pauvres à relever la tête, c’est un enfant du peuple qui demande aux descamisados (les sans-chemises) de se tenir debout !

 

 

 

Ses origines, sa souffrance passée, feront d’Eva le meilleur lien entre son mari et les travailleurs :

 

 

Elle sera le soutien politique fondamental de son mari.

 

 

 

 Habile dans ses discours, accessible aux plus humbles, elle va capter la sympathie des foules.

 

 

C’est la première fois dans l’histoire de l’Argentine qu’une femme participe à des meetings politiques.

 

 

Perón élu Président de l’Argentine, Eva sera une des figures les plus influentes de son pays et la plus populaire par ses multiples actions sociales en faveur des classes défavorisées.

 

 

 

Devenue riche et puissante, la première dame d’Argentine n’oublie pas d’où elle sort !

 

 

 Elle créé la Fondation Eva Perón, construit des hôpitaux, des écoles, des orphelinats, des maisons pour personnes âgées, des colonies de vacances, attribue des bourses d’études.

 

 

 

Profondément humaine, elle invite les pauvres à la visiter dans son bureau et à lui écrire. Elle reçoit des centaines de personnes par jour.

 

 

 

Dans une Argentine conservatrice, celle qu’on surnomme maintenant affectueusement Evita est adulée des humbles mais détestée des riches et des machistes.

 

 

 

Evita  se démène pour les droits des femmes et des enfants qu’elle considère comme les piliers essentiels de toute société juste et émancipée.

 

 

C’est Eva Perón qui fera naître une Argentine féministe. C’est encore elle qui arrache au gouvernement de son mari le droit de vote des femmes en 1947. ( En France, le premier exercice du droit de vote pour les femmes aura lieu en 1945)

 

 

 

Dans un discours à la radio, elle déclare :

 

 

 “Femmes de ma patrie, c’est le début d’un réveil joyeux d’aurores triomphales, un événement historique qui traduit la victoire de la femme sur les incompréhensions, les refus et les intérêts des castes aujourd’hui répudiées par notre réveil national.”

 

 

 

 

 

 

 Evita crée en 1949, le Parti péroniste féminin, premier parti politique féminin de l’Histoire de l’Argentine. Ainsi seront élues 23 députées et 6 sénatrices.

 

 

Au sommet de sa gloire, Evita est fauchée par un foudroyant cancer de l’utérus.

 

 

Elle meurt en pleine jeunesse, à 33 ans, le 26 juillet 1952.

 

 

 

 

 

 

 

L’Etat organise des funérailles nationales et décrète un deuil national de trente jours. Des millions d’argentins suivent le cortège funèbre.

 

 

Le corps d’Evita va connaître une série d’aventures :

 

 

Embaumé et conservé dans les locaux du syndicat de la CGT, il est enlevé à la chute de Juan Perón, et envoyé en Italie où il est enseveli à Milan sous une fausse identité durant 16 ans, avant d’être rapatrié en 1976 où il repose au cimetière de la Recoleta de Buenos Aires.

 

 

 

 

 

 

 

 

Evita est immortelle, c’est un destin hors du commun !

 

 

 

 



17/10/2019
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