Ethiopie 17, Les églises rupestres du Tigré...
Ethiopie 17, Les églises rupestres du Tigré.
« Ces vallées immenses, ces pâturages étagés sur les pentes, ces lacs vert sombre où s’ébrouent des chevaux, la lenteur des gestes, la solennité des démarches…
Peu de pays sont, autant que celui-ci voués à cette sorte d’altitude physique et intérieure.
Le Tibet, peut-être, ou la cordillère andine auxquels les spécialistes se réfèrent lorsqu’il est question de l’Abyssinie.
Mais ces comparaisons, elles-mêmes, sont insuffisantes. Les chiffres en font foi :
Par sa densité et son importance, le peuplement en altitude de ce pays est sans équivalent dans le monde.
…Une telle solitude haut perchée, une précarité si redoutable et si permanente, ont fini par produire, après trois mille ans de récoltes jamais assurées, cette magnificence hautaine. »
"La porte des larmes (Retour vers l’Abyssinie) " Jean Claude Guillebaud.
Nos regards se sont croisés.
Il m’a souri et à mi-voix m’a lâché un « salam » pour me saluer.
Le minibus est complet, il s’est assis près de moi sur le sac de blé qu’il trimballe.
Ses yeux clairs, rieurs, apaisent un visage mangé par une barbe grisonnante.
Une fine cordelette est attachée au revers de sa veste :
Au bout, solidement noué, un mouchoir à carreaux qui soigneusement enveloppe quelques billets et pièces de monnaie.
Au moment de payer, il va, sans hâte, dénouer le carré de tissu pour rassembler la somme nécessaire à régler le prix de son trajet.
Sa fortune tient dans un mouchoir.
Il me rappelle mon arrière-grand-mère qui, en centre Bretagne, avait aussi ce mouchoir à carreau glissé au fond d’une poche de son sarrau noir.
Le porte-monnaie des gens de peu, des gens sans exigence, une maigre bourse enfermant « trois francs six sous ».
À des milliers de kilomètres de distance, bien des années plus tard, je retrouve ces mêmes gestes empreints de modestie et de simplicité.
Nous descendons à Wikro, son voyage le mène à Adigrat non loin de la frontière Érythréenne.
Je veux le saluer, mais appuyé sur son bâton il dort déjà.
Wikro, petite ville du Tigré :
Saveurs épicées sous le soleil.
Wikro, carrefour des routes de terre menant aux églises taillées dans la roche, parfois dissimulées dans des grottes humides et toujours accrochées à des parois abruptes.
Comme des sentinelles dominant des terres souvent ingrates, les églises du Tigré se comptent par dizaines.
La foi, mais aussi la force de travail des Tigréens, ont su apprivoiser ces plaines arides habilement sculptées de terrasses assurant les récoltes nourricières.
Des pierres extraites de la terre, ils ont bâti des fermes, solides, soignées.
Durant quelques jours, nous allons parcourir ce Tigré rural où les gens savent avec humilité accueillir l’étranger.
C’est le bon point de ces découvertes car les visites des églises (qui méritent le déplacement) peuvent devenir rapidement saoulantes !
Explications :
Certaines églises sont interdites aux femmes…Donc on abandonne ce genre d’exclusion.
On enlève ses pompes à chaque visite, c’est conforme aux principes bibliques :
« ôte tes sandales car le lieu où tu te tiens est un lieu Saint ».
Sans guide, la visite est impossible !
150 Birr (5 Euros) par église qui vont dans la poche de l’Eglise Orthodoxe.
Et il est de bon ton de lâcher un pourboire conséquent au prêtre qui détient les clés du sanctuaire.
J’explique au guide que je n’apprécie guère l’empressement des prêtres à sortir leur carnet à souche pour encaisser le « cash » dans ces lieux Saints, chargés d’histoire et théoriquement dédiés à la dévotion.
Et il faudrait encore leur gratifier un pourboire ?
Je refuse d’entrer dans la combine, et là les prêtres font ouvertement la gueule !
Je lance ma dernière cartouche en leur signifiant que Jésus a chassé les marchands du temple il y a belle lurette mais qu’ici le boulot ne semble pas avoir encore été achevé.
Nous allons donc crapahuter sur ces hauteurs, magnifiques, isolées, et offrant des paysages de grande quiétude, sans faire œuvre de charité !
La religion qui continue à emprisonner sous une cloche de plomb les populations vulnérables, ne s’embête guère avec l’histoire.
Les prêtres prétendent que ces sanctuaires datent du IV ém siècle mais les historiens estiment l’excavation de la roche entre le IX ém et le XV ém siècle.
Ceci n’enlève rien au travail monumental des bâtisseurs de l’époque.
Patrimoine religieux et site naturel s’unissent dans un isolement au plus près des étoiles.
Sans doute, comme dans la plupart des civilisations, fallait-il toucher les cieux pour avoir la bénédiction des Dieux !
À Wikro, au cœur du berceau de la chrétienté, dans ce Tigré qui a vu l’empire païen succomber devant le crucifix, l’Islam semble prendre pied avec faste :
Totalement financé par l’Etat Turc, la rénovation et l’agrandissement d’une ancienne mosquée interroge…
Pluralité des Dieux ou prosélytisme ?
Dans l’ordre d’apparition à l’image, les églises visitées :
1 Mikael Imba, 2 Debra Selam, 3 Abreha et Atsheba, 4 Medhane Alem Adi Kasho, 5 Mikael Melhazengi .
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