44, Chili, "Valparaiso mon amour"...Collines, funiculaires et escaliers.
Chili, « Valparaiso mon amour » …
Collines, funiculaires et escaliers.
Ça ne me rajeunit pas.
Il m’aura fallu quelques longues flâneries avant de sentir sous mes semelles les escaliers de Valparaiso,
patienter plusieurs saisons pour découvrir les collines chamarrées de cette ville habillée de planches de bois et de tôles.
Renifler l’air du grand océan dans la baie de Valparaiso, (ça ne sent pas très bon), était non pas un songe d’enfant, mais seulement une curiosité animée par la seule évocation du chant des syllabes de ce nom qui sonne comme une succession de notes musicales choisies pour faire rêver :
« Val Pa réill i so » …Là-bas, au loin, sur les rivages du Pacifique.
En février 2012, à l’ouverture de ce blog j’écrivais ceci :
"Qui ne se souvient pas du planisphère affiché au mur de sa classe de l'école primaire ?
Couleur verte pour les plaines, de l'ocre au marron foncé pour les plateaux et les montagnes, en jaune les déserts, le bleu pour les océans...
Porteurs d'une étrange musique,
qui n'a pas rêvé à l'évocation de ces noms exotiques comme Addis Abeba, Valparaiso, Oulan-Bator, Tamanrasset ou Djakarta ?
Je garde en mémoire ce vieux "Larousse", dont les seules pages en couleur étaient les cartes de géographie d'un monde inconnu, et sûrement fascinant!"
Voilà, c’est fait, nous y sommes ! Pour Addis aussi.
Reste donc, en accord avec mes rêveries de l’époque, à parcourir les rues de Tamanrasset, Oulan-Bator et Djakarta.
Mais en attendant, nous allons gravir les pentes raides de « Valpo » et si on en croit Pablo Neruda, il serait inutile de nourrir d’autres projets de voyage, puisque grimper les escaliers de la ville suffit à faire le tour du monde !
« Escaliers ! Aucune ville ne les a répandus, ne les a effeuillés dans son histoire et sur son visage, ne les a dispersés et réunis, comme Valparaiso.
Si nous parcourons tous les escaliers de Valparaiso nous aurons fait le tour du monde »
Pablo Neruda (*)
(*) : Voir actualisation concernant Pablo Neruda en fin d'article 45
" Valparaiso, vue sur mer et du haut des cimetières "
On dit Rome construite sur sept collines, « Valpo », comme disent les Chiliens, en compte plus de quarante.
Mais "Valpo", c'est avant tout un port.
Un port abrité dans un amphithéâtre souvent voilé d’une brume marine humide qui estompe les couleurs des cerros, ces collines qui délimitent les quartiers de Valpo.
Il faut attendre les fins de matinée ou parfois davantage pour voir disparaître cette purée de pois qui a aussi l’odeur du gasoil, de la crasse et des détritus qui jonchent les ruelles de la basse ville.
Le premier contact avec Valparaiso peut surprendre :
Le centre-ville (el plan) et la bande côtière, seuls endroits de Valpo où on n’a pas besoin de courber l’échine pour marcher, laisse une étrange vision de cohabitation d’immeubles abandonnés et d’édifices modernes pas toujours du meilleur goût.
Des murs constellés de tags, des bus qui crachent de la cendre noire, des concerts de klaxons, des sans-abri au pied des banques protégées de panneaux de fer blanc, des vendeurs à la sauvette et un grand nombre de « petits boulots » complètent une ambiance bordélique durablement griffée d’un contexte social très tendu.
En fond d’écran, les grues du port, les porte-conteneurs et les militaires de l’Armada Chilienne qui dans des uniformes impeccables veillent sur le monument des "Héros de la Patrie".
Il faut un peu de temps pour s’accoutumer à cet environnement chaotique, bruyant et épuisant.
Alors pour découvrir cette ville bohème, cette ville qui dit-on enchante le visiteur, il faut y aller par petites doses, de funiculaires en escaliers, de ruelles en patios et la magie des cerros perchés au-dessus du port, dévoile peu à peu les éclatantes couleurs de Valpo !
Sur les collines, les chats, comme les artistes s’y sentent bien.
Valparaiso s’est taillée une solide réputation pour son street art :
Chaque cerro, chaque rue brille de l’envolée chromatique qui habille les murs, les tôles, les baraques et la vie quotidienne des Chiliens de Valpo.
Cerro après cerro, tranquillement, au hasard des passages d’une ruelle à l’autre, nous prendrons le temps de les découvrir au grand jour.
" Il vivait Valparaiso le coeur chargé d'un lourd secret
Le monde était un brasero dont Valparaiso le tirait
Tant de lumières et de couleurs et tant de beautés
délabrées déplaçaient les poids que son coeur ne
parvenait plus à lever ."
Dominique A, "Valparaiso"
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